Le jeu à l’école maternelle

 

 

 

 

C.R.P.E.

 

Session 2002

 

 

SOMMAIRE

 

 

Introduction _____________________________________________________________P3

 

1 Historique, définitions ____________________________________________________P4

1.1 Historique  ______________________________________________________P4

1.2 Définitions  _____________________________________________________P6

1.3 Les différents types de jeux  ________________________________________P7

1.4 Le jeu selon Piaget  _______________________________________________P9

 

2 Le jeu en classe, pourquoi ?  _______________________________________________P10

2.1 Le jeu dans les instructions officielles ________________________________P10

2.2 Jouer pour apprendre, apprendre en jouant _____________________________P12

2.3 Rôle de l’enseignant  ______________________________________________P14

2.4 Les limites du jeu en classe  _________________________________________P14

 

3 Analyse de séquences  _____________________________________________________P16

3.1 Un jeu corporel et sensoriel : le parcours libre.  __________________________P16

3.1.1 Déroulement de la séquence  ___________________________P16

                             3.1.2 Analyse de la séquence  _______________________________P18

3.2 Un jeu symbolique : les poupées  _____________________________________P18

3.2.1 Déroulement de la séquence  ___________________________P19

                             3.2.2 Analyse de la séquence  _______________________________P20

            3.3 Un jeu de règle et de coopération : les dominos  __________________________P20

3.3.1 Déroulement de la séquence  ____________________________P21

                             3.3.2 Analyse de la séquence  ________________________________P21

 

3.4 Un autre jeu de règle et de coopération : le facteur _________________________P21

3.4.1 Déroulement de la séquence  _____________________________P22

                        3.4.2 Analyse de la séquence  _________________________________P22

3.5 Un jeu de communication : le jeu du miroir (passer un rythme)  _______________P23

3.5.1 Déroulement de la séquence  _____________________________P23

                              3.5.2 Analyse de la séquence  _________________________________P24

 

Conclusion  _________________________________________________________________P25

 

Bibliographie  _______________________________________________________________P26

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

INTRODUCTION :

 

«  Le jeu, c’est le travail de l’enfant, c’est son métier, c’est sa vie » Pour Pauline Kergomard, inspectrice générale des écoles maternelles au XIXème siècle, la pratique du jeu à l’école était primordial.

 Pourtant le jeu n’a pas toujours tenu un rôle aussi privilégié dans l’enseignement.

Qu’en est-il aujourd’hui ? Quelle est la place du jeu à école maternelle ?

Un bref historique constituera le début de ce dossier, puis quelques définitions seront mises en avant, ensuite nous verrons ce que le jeu peut apporter aux enfants, enfin j'analyserai cinq séquences menées dans une classe de TPS/PS.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1 Historique, définitions

1.1 Historique

 

Dès l’antiquité :

Dès l’antiquité, on utilise le jeu pour instruire, on voit apparaître des jeux d’alphabet en pain et en biscuit.

 

Le Moyen-âge :

Pendant le Moyen-âge, le jeu est isolé, car on le qualifiait de « perte de temps », « d’oisiveté », « de frivolité ». On allait même jusqu’à prétendre que le jeu était quasiment un délit, au même titre que l’ivresse et la prostitution.

 

La Renaissance

Les jésuites réhabilitent le jeu et le consacre comme essentiel à l’institut des jésuites.

 

Le XVIIème siècle

Naissance du jeu de l’oie (utilisé d’abord pour enseigner aux élèves les vertus héroïques du roi LouisXIV, puis on se servira de ce jeu pour apprendre les sciences, la grammaire et la géographie aux enfants.)

 

Le XIXème siècle :

Le début du XIXe siècle marque la consécration des jouets. Cette étape, amorcée depuis le Moyen Âge, est fondamentale dans l'évolution des jeux. En effet, c'est à cette époque que, avec les progrès de l'artisanat, sont apparus de plus en plus d'objets essentiellement destinés au jeu : les jouets.

 

Le XXème siècle

L’électricité et les deux guerres mondiales influenceront grandement les jouets : apparition des jeux électriques, des jeux de construction (Meccano), des jeux de miniaturisation et d’assemblage… etc.

            L’invention du plastique permettra la fabrication de jouets légers, résistants, non toxiques, d’entretien facile et vendus à des prix raisonnables.

 

 

L’évolution des idées à propos du jeu

Si, au cours de l'histoire, le jeu a été cité par quelques philosophes comme une activité favorable au développement, il semble généralement n'avoir été considéré que comme un délassement. Encore s'agissait-il du jeu des adultes. Celui des enfants étant relégué dans le cadre des activités puériles et oisives, ne présentant pas d'intérêt.

Ce n'est vraiment que vers le milieu du 19ème  siècle que l'on a commencé à s'intéresser au phénomène du jeu, à essayer de comprendre ses processus et leur influence sur le comportement humain.

 

 

 

 

 

1.2 Définitions du jeu

 

FLAMMARION :

Jeu : n. m. Récréation. Divertissement. Le jeu doit succéder à l’étude. Fig. chose facile. C’est un jeu d’enfant.

 

Le Petit Larousse :

Jeu : n. m. Activité physique ou intellectuelle visant au plaisir, à la distraction de soi ou des autres; récréation ou divertissement: se livrer aux jeux de son âge.

 

www.francophonie.hachette-livre.fr:

Jeu : n. m. Divertissement, activité intellectuelle ou gestuelle qui n’a d’autre fin que l’amusement de celui qui s’y livre.

 

Webencyclo : 

Jeu : n. m. Activité physique ou mentale, librement consentie, ayant pour objet unique le plaisir et le divertissement à l'exclusion de toute finalité productive ou utilitaire.

 

Roger Caillois propose la définition suivante du jeu :

            Il s'agit d'une activité libre ; répondant à des règles, ou fictive ; improductive (même si les gains du jeu changent de main entre les joueurs) ; où ni le déroulement ni les résultats ne sauraient être prévus ou déterminés (car où cesse l'incertitude cesse le jeu).

 

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1.3 Les différents types de jeux :

             

Sabine De Graeve  (Apprendre par les jeux) a classé les jeux en six catégories :

1)      les jeux corporels et sensoriels (marcher, grimper, sauter…)

2)      les jeux symboliques (jeux de rôles, d’imitation…)

3)      les jeux d’assemblage

4)      les jeux de règle, de coopération (jeux chantés, ronde, jeux de cartes, dominos…)

5)      les jeux d’expérimentation (construire, démolir, transformer…)

6)      les jeux de communication (avec la voix, le corps…)

 

Classification des jeux : (source: Pour l’école maternelle Programme Projets Activités)

- Jeux de découverte (découverte des objets, découverte de soi et des autres…)

- Jeux pour expérimenter

- Jeux pour s’entraîner à transférer

 

Typologie de Roger Caillois :

-         les jeux de compétition

-         les jeux de hasard

-         les jeux d’imitation

-         les jeux de vertige

-         les jeux de langage

 

 

 

 

Classification de Nicole De Grandmont:

 

 

 

Le jeu ludique :

 

 

SYNTHESE DES QUALITES DU JEU LUDIQUE

·        n’impose pas de règles

·        le produit n’est pas obligatoirement :

            esthétique

            prédéterminé

            perfectionné

·        notion de plaisir

·        nécessaire au développement de tout individu

·        permet d’organiser

                  de structurer

                  d’élaborer le monde extérieur

·        liens égaux avec : le psychisme

                                   l’émotif-affectif

                                   le sensoriel

                                   le cognitif

« Le jeu ludique est gratuit et spontané, il est imbu de joie et de plaisir, il fait appel à l’imaginaire, au merveilleux et favorise la créativité. Dans le jeu ludique, les règles évoluent selon les caprices du joueur sans limitation de temps ni d’espace. »

 

 

Le jeu éducatif et pédagogique

 

SYNTHESE DES QUALITES DU JEU EDUCATIF

·        est le premier pas vers la structure

·        contrôle les acquis

·        évalue les appris

·        permet d’observer les comportements

·        fait diminuer la notion de plaisir

·        devrait être : distrayant

                           sans contraintes perceptibles

                           axé sur les apprentissages

·        cache l’aspect éducatif pour le joueur

« On observe deux grandes applications du jeu en classe. Premièrement, une application éducative, qui, selon nous, suit immédiatement l’acte ludique et qui est le premier palier de la pédagogie du jeu, celui où s’établit la structuration des règles. Deuxièmement, une application pédagogique, qui vise à vérifier les connaissances du joueur. »

Source : Nicole De Grandmont : Pédagogie du jeu : jouer pour apprendre.

1.4 Le jeu selon Piaget :

 

Stade du jeu sensori-moteur (0 à 2 ans)

Au tout début de ce stade, les activités de l’enfant ne peuvent être qualifiées de jeux. Piaget n'accorde pas cette dénomination à ces exercices qui consistent en la mise en action de développements réflexes que certains auteurs ont appelés jeux fonctionnels. Le jeu commence au moment où apparaît dans l'usage des jouets, dans les rapports avec l'entourage comme ensuite dans de nombreuses actions, la satisfaction de la répétition. L'apparition puis le développement du langage suivent un processus comparable.

 

Stade du jeu symbolique (de 2 à 7 ans)

Il s’agit de la période où se développe l'activité imaginative. Le jeu symbolique faire comme si... se manifeste quand l'enfant veut appliquer des schèmes d'assimilation à des objets ou à des situations ne s'y adaptant pas tout à fait; il apprend à opérer toutes sortes de combinaisons symboliques : substitution d'un objet à un autre, reproduction d'événements de la vie quotidienne, compensation aux frustrations, histoires imaginées, participation aux jeux de rôle, etc.

 

Stade du jeu de règles ou stade des activités opératoires (vers 7 ans)

L'enfant devient capable de se représenter le changement d'une situation en une autre (avant il pouvait seulement comparer les situations) aussi bien dans le domaine relationnel que dans celui des activités ludiques où il se situe comme une personne parmi les autres ou encore dans celui des manipulations opératoires. Il ne peut d'abord raisonner qu'en utilisant les situations présentes. Vers 11 ans, le niveau de la pensée logique est atteint, stade ultime des opérations formelles.

 

 

2. Le jeu en classe, pourquoi ?

 

2.1 Le jeu dans les instructions officielles

 

Pauline Kergomard, inspectrice générale de 1881 à 1917, a joué un rôle central dans l'évolution des écoles maternelles dont elle définit la pédagogie: l'école maternelle n'est pas une simple garderie mais un établissement éducatif; elle doit tenir compte de la spécificité de la petite enfance, en privilégiant le jeu, le chant, l'activité physique, et en accueillant l'enfant dans une ambiance chaleureuse. Elle met le jeu au premier plan des programmes officiels de l’école maternelle de 1887.

 

            Les programmes de 1995, n’insistent pas trop sur le jeu, un seul petit paragraphe lui est consacré :

Sans être exclusive, l’activité de jeu est fondamentale à cet égard. Tous les types de jeux n’ont cependant pas la même fonction et il incombe au maître de définir clairement la nature et la finalité de l’activité retenue.

MINISTERE DE L'EDUCATION NATIONALE: Les programmes de l'école primaire.

 

 

Les nouveaux programmes de 2002 remettent le jeu en avant, le jeu doit être synonyme de plaisir pour l’enfant…

 

 L’école maternelle a pour mission d’aider chaque enfant à grandir, à conquérir son autonomie et à acquérir des attitudes et des compétences qui permettront de construire les apprentissages fondamentaux. Elle s’appuie sur la capacité d’imitation et d’invention de l’enfant, si vive à cet âge, et sur le plaisir de l’action et du jeu.

Source : MINISTERE DE L'EDUCATION NATIONALE: Qu’apprend-on à l’école maternelle ?

 

…mais ne doit pas être organisé au hasard, l’enseignant ayant toujours des objectifs bien précis lorsqu’il met en place une activité.

 

Les enseignants encouragent l’activité organisée et maintiennent un niveau d’exigence suffisant pour que, dans ses jeux, l’enfant construise de nouvelles manières d’agir sur la réalité qui l’entoure. L’école maternelle constitue le socle éducatif et pédagogique sur lequel s’appuient et se développent les apprentissages qui seront systématisés à l’école élémentaire. C’est par le jeu, l’action, la recherche autonome, l’expérience sensible que l’enfant, selon un cheminement qui lui est propre, y construit ses acquisitions fondamentales. (…)  

 

Le jeu est l’activité normale de l’enfant. Il conduit à une multiplicité d’expériences sensorielles, motrices, affectives, intellectuelles… Il permet l’exploration des milieux de vie, l’action dans ou sur le monde proche, l’imitation d’autrui, l’invention de gestes nouveaux, la communication dans toutes ses dimensions, verbales ou non verbales, le repli sur soi favorable à l’observation et à la réflexion, la découverte des richesses des univers imaginaires… Il est le point de départ de nombreuses situations didactiques proposées par l’enseignant. Il se prolonge vers des apprentissages qui, pour être plus structurés, n’en demeurent pas moins ludiques.

Source : MINISTERE DE L'EDUCATION NATIONALE: Qu’apprend-on à l’école maternelle ?

 

 

 

2.2 Jouer pour apprendre, apprendre en jouant

 

Le jeu est au premier plan de la vie de l'enfant, dont il favorise la socialisation. Dans le jeu, l'enfant, en effet, apprend à se soumettre à des règles qui organisent sa relation avec autrui, partenaire ou adversaire. Il apprend en même temps la solidarité et l'affrontement avec l'extérieur du groupe. Enfin, par le jeu, il imite les rôles de ceux qui l'entourent et dont il se sent menacé, et apprend ainsi à les intérioriser et à les désamorcer. (ainsi, il jouera à être le docteur, le dentiste, l'institutrice, etc.).

 

Le jeu est l’activité naturelle de l’enfant. Pendant le jeu, l’enfant est actif

Pierre Parlebas, professeur en sociologie à l’université de ParisV et responsable du groupe national de recherche jeux et pratiques ludiques : « Non seulement les jeux développent les capacités cognitives et physiques de l’enfant, mais ils transforment sa façon d’entrer en relation : les jeux et les sports facilitent ses capacités d’adaptation et de socialisation en le faisant communiquer avec les autres. En acceptant les règles, l’enfant assimile la notion de contrat : l’acte fondamental d’une démocratie qui est l’acceptation d’un contrat se retrouve ainsi dans le jeu. Les jeux provoquent également des situations de rencontres où l’enfant est amené à jouer des rôles très différents, d’agression, de soutien ou d’entraide, qui lui apprennent à agir par rapport à autrui. Le jeu sollicite aussi la prise de décision, et enseigne à l’enfant comment maîtriser la victoire comme l’échec. »

 

L’activité ludique n’accède pourtant que rarement au rang de priorité à l’école « on sépare le monde du travail de celui du jeu, le futile de l’utile, alors que les deux sont compatibles. L’attitude ludique peut être adaptée partout. Le fin du fin de la pédagogie est de transformer un travail en un ensemble d’énigmes dont il est agréable de trouver la solution. » (P. Parlebas)

 

Développement des capacités motrices :

 

Dans son jeu, l’enfant court, saute, glisse, se balance, grimpe, se tient en équilibre, virevolte et teste ainsi continuellement les limites de son corps, développe son adresse, prend conscience de ses capacités motrices. 

 

Développement des savoir-être :

 

Dans la compétition et le partage, dans la confrontation et la coopération avec ses amis dans les défis qu’il se donne, et dans ses tentatives de dominer les autres, l’enfant doit, s’il veut que le jeu se poursuive, prendre les autres en considération, écouter leurs points de vue, communiquer, négocier avec eux. Le jeu est le terrain idéal pour apprendre à vivre avec les autres. 

 

Développement de la créativité et de l’esprit de recherche :

 

Lorsqu’il joue, l’enfant explore, invente, cherche et trouve des solutions aux problèmes qu’il rencontre avec son environnement matériel, l’enfant met en action son intelligence, développe sa créativité et son esprit de recherche, son goût du «pourquoi» et du «comment», apprend à persévérer.

 

Développement de l’affectif et de l’émotif :

 

Quand dans son jeu, l’enfant manifeste son enthousiasme et ses déceptions, sa joie et son chagrin, quand il exprime verbalement ou non verbalement ce qu’il ressent, ses peurs, ses angoisses, ce qu’il aime et ce qu’il  n’aime pas il retrouve l’équilibre de ses émotions, il se  développe sur le plan affectif et émotif.

Autonomie et sens des responsabilités :

 

Grâce au jeu, l’enfant pourra développer son autonomie et son sens des responsabilités : il se découvre source de ses propres actions et source des conséquences que ses actes entraînent.

 

2.3 Rôle de l’enseignant :

 

- Définir des objectifs d’apprentissage

- Organiser : le milieu, les situations

- Offrir aux enfants un milieu et une atmosphère favorables à leurs jeux, leur fournir un matériel stimulant

- Observer

- Inciter à jouer, jouer lui-même avec chaque enfant qui ne joue pas

- S’introduire dans le jeu pour verbaliser les actions

- dynamiser le groupe (écoute, encourage, dédramatise)

 

2.4 Les limites du jeu en classe :

 

Le jeu scolaire, n'est-ce pas un paradoxe ? Dans son acception ordinaire, le jeu est synonyme de divertissement, de gratuité, de liberté. Or, en l'utilisant comme outil pédagogique, il peut parfois s'éloigner considérablement des divertissements habituels de l'enfant que l'on fait jouer. De même, le jeu en classe n'est bien sûr jamais gratuit, puisque c'est toujours un objectif d'apprentissage précis qui fait sa raison d'être.

Les mots jeu éducatif renferment au départ une contradiction dans les termes. En effet, à partir du moment où il devient éducatif, le jeu, activité gratuite par excellence,

sans autre but qu’elle-même et que le divertissement qu’elle entraîne, cesse en réalité d’être un jeu…A partir du moment où l’on demande au jeu de développer telle aptitude, d’accroître les connaissances d’un individu dans tel ou tel domaine, il cesse d’être un jeu.

 

Source : Nicole De Grandmont : Pédagogie du jeu : jouer pour apprendre.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

3. Analyse de séquences

 

J’ai mené ces séquences dans une classe de 23 élèves composée de 14 élèves de petite section et de 9 élèves de toute petite section.

 

3.1 Un jeu corporel et sensoriel : le parcours libre.

 

On peut classer ce jeu dans les « jeux ludiques » décrits par Nicole De Grandmont:

Objectif principal: utiliser à son initiative ou en réponse aux sollicitations du milieu, un répertoire aussi large que possible d’actions élémentaires : courir, grimper, lancer, sauter, glisser, chuter, tirer, pousser, manipuler…

Mode de travail: en groupe-classe

Matériel: 3 tunnels, 10 cerceaux, 2 bancs, 10 briques, 5 tapis

Durée: 30 mn

Lieu: salle de motricité

 

3.1.1 Déroulement de la séquence

 

         Pour cette séquence, j’ai aménagé la salle de motricité avec des tunnels, des cerceaux, des bancs, des briques et des tapis. D’autres tapis également étaient installés pour les réceptions.

 

 

                      

Les enfants ont chaussé des patins qui leur tiennent bien aux pieds.

Seule consigne : amusez-vous, vous pouvez faire ce que vous voulez.

Quelques recommandations : on n’a pas le droit de quitter la salle de motricité (en effet, celle-ci étant ouverte sur le reste de l’école, les enfant ont tendance à aller voir ce qui se passe ailleurs…) et on ne court pas sur les tapis (en effet, ceux-ci ne sont pas anti-dérapant et quand un enfant court sur le tapis, il peut glisser et se blesser).

Les enfants courent dans la salle, passent dans les tunnels, montent sur les bancs et sur les briques, sautent dans les cerceaux.

Puis un des enfants essaie de grimper sur un tunnel, il se met à califourchon dessus et le chevauche comme un cheval, cela plait beaucoup aux autres qui font de même. Un autre  enfant décide de se mettre debout sur un des tunnels, j’interviens alors, c’est trop dangereux, interdiction de se mettre debout sur les tunnels.

Au bout de 20 mn, je constate que les enfants ne se servent pas des tapis, ils marchent dessus et c’est tout… Je les rassemble alors et leur pose la question : « que pourrait-on bien faire sur les tapis ? » la réponse arrive aussitôt : « des roulades, des galipettes… » Ils repartent alors tous jouer et me montrent tous les belles galipettes qu’ils savent faire !!

Au bout de 30 mn de jeux les plus petits commencent à s’endormir dans les tunnels, il est temps d’arrêter… Sans oublier le rangement de matériel que l’on effectue tous ensemble.

 

3.1.2 Analyse de la séquence

 

            - Les enfants n’utilisent pas l’ensemble de l’espace de la salle de motricité, ils tournent en rond, tous ensemble, dans le même sens.

            - Les « tunnels » sont au nombre de trois, pourtant des « bouchons » se forment rapidement…

            - Les enfants ont tendance à imiter celui qui est devant.

            - Au début, les enfants sautent dans les cerceaux puis, au bout d’une dizaine de minutes, ils s’en servent tous pour faire du hula-hoop: en effet, nous avions tous été visiter un cirque un mois auparavant et le présentateur avait montré aux enfants comment faire du hula-hoop.

 

                       3.2 Un jeu symbolique : les poupées

 

On peut classer ce jeu dans les « jeux ludiques » décrits par Nicole De Grandmont:

Objectifs: - respecter les autres

      - adapter son comportement dans une situation où l’enfant n’est pas seul

           - comprendre et respecter les contraintes de la vie collective

           - imaginer et créer des histoires

Mode de travail: groupe de 8 élèves

Matériel: 9 poupées, un sac d’habits

Durée: 30 mn

Lieu: salle de motricité

 

3.2.1 Déroulement de la séquence

 

            Dans le coin jeux de notre classe, il y a seulement 2 poupées, les enfants ont rarement l’occasion de jouer avec. Je suis donc allée chercher des poupées et des vêtements dans les autres classes afin que chaque enfant ait au moins une poupée à sa disposition.

            Le petit groupe d’enfants est constitué de 2 TPS et de 6 PS (2 garçons et 6 filles).

            Je dépose dans la salle de motricité un bac rempli de vêtements et un autre avec les poupées et je les laisse faire. Aussitôt, ils se précipitent sur les poupées et après quelques disputes chaque enfant en prend une, la neuvième poupée est laissée par terre et tous lui marche dessus sans problème… Les enfants s’installent par terre près de moi et m’interpellent souvent « t’as vu maîtresse il est tout nu, il faut l’habiller… tu crois que le pull là, ça va lui aller ? … tu peux m’aider à mettre les habits ? » Je refuse de les aider pour habiller leurs poupées « débrouillez-vous ! ». Petit à petit, les enfants ne m’adressent plus la parole et s’éloignent de moi pour finir par m’ignorer totalement, ils sont vraiment entrés dans leur jeu !

Grégoire et Charlotte forment rapidement un couple, mais chaque parent a son propre enfant !

Charlotte devient vite la meneuse du jeu, chacun lui obéit : quand elle décide d’aller faire des courses, tout le monde va faire des courses, quand elle décide de partir en voyage, tout le monde part en vacances !!

            Au début du jeu, les enfants imitent leurs parents : ils s’occupent du bébé, l’habillent pour qu’il n’attrape pas froid, le nourrisse, le gronde, lui donne des fessées…etc. A la fin du jeu, les enfants sont complètement entrés dans l’imaginaire : ils sont en pleine mer, il y a pleins de requins et il faut sauver leur enfant !

            Le jeu aurait encore pu continuer longtemps mais il est 11h25 et les premiers parents commencent à arriver, il est donc l’heure d’arrêter de jouer et de tout ranger.

 

                                 3.2.2 Analyse de la séquence

 

- Les 2 plus petits sont vite mis à l’écart, ils ont du mal à suivre les grands qui les rejettent « y’a déjà six personnes dans la maison, c’est trop, va dans une autre maison ». Ils se retrouvent à jouer chacun dans son coin.

- La poupée d’un petit garçon, Paul, perd ses parents sans arrêt, une fois c’est la mère  qui s’est perdue, après le père, ensuite la sœur, puis de nouveau les deux parents et heureusement la poupée fini toujours par retrouver ceux qu’elle aime. Les poupées permettent à Paul d’extérioriser ses craintes : perdre ses parents et se retrouver seul.

 

                                   3.3 Un jeu de règle et de coopération dominos

 

On peut classer ce jeu dans les « jeux éducatifs » décrits par Nicole De Grandmont:

Objectif principal: comprendre des jeux à règle et y participer

Sous-objectif: respecter l’autre

Mode de travail: par groupes de 3 élèves de petite section uniquement.

Matériel: une boîte de dominos « imagés » par groupe

Durée: 15 mn

Lieu: salle de classe

 

3.3.1 Déroulement de la séquence

 

            Je m’installe auprès d’un groupe de 3 élèves, leur montre le jeu de dominos et leur explique les règles du jeu. Je reste avec le groupe pendant les deux premières parties, puis je m’éloigne.

Les enfants se mettent alors à jouer dans n’importe quel ordre, sans attendre leur tour.

Je reviens finalement avec le groupe et reste avec eux jusqu’à la fin pour les guider pour les guider.

 

                                 3.3.2 Analyse de la séquence

 

- A cet âge, il n’y a pas de compétition, l’important pour les enfants ce n’est pas de gagner mais de faire avancer le jeu : si un enfant se rend compte qu’il a une carte qu’il peut poser sur le jeu, il la met tout de suite sans attendre son tour ou la donne à son copain à qui c’est le tour de jouer.

- Les enfants ont du mal à respecter les règles, ils ont bien compris quelle carte ils devaient poser, mais ils n’attendent pas leur tour et posent plusieurs cartes à la fois.

Pour un premier contact avec le jeu, j’aurai dû me contenter de groupes de deux élèves.

- Au lieu de tout de suite mettre en place les « vraies règles » du jeu, j’aurais peut-être pu les faire jouer tous les trois ensembles en mettant les cartons en commun.

 

3.4 Un autre jeu de règle et de coopération : le facteur

 

On peut classer ce jeu dans les « jeux éducatifs » décrits par Nicole De Grandmont:

Objectif principal: comprendre des jeux à règle et y participer

Sous-objectifs: respecter l’autre   

Mode de travail: en groupe-classe

Matériel: un foulard

Lieu: salle de motricité

Durée: 20mn

 

3.4.1 Déroulement de la séquence

 

Cette séquence a été menée au mois de décembre, les enfants avaient alors 2 et 3 ans.

Tous les enfants s’assoient en rond dans la salle de motricité, je leur explique alors les règles du jeu. Comme aucun enfant ne veut commencer, j’en prends un par la main et on commence à tourner ensemble autour du groupe pendant que les autres chantent, on décident ensemble de la personne à qui on va donner le foulard, on pose le chiffon et je laisse alors les deux enfants se courir après.

On continue le jeu, le 2ème enfant tient également à ce que je reste avec lui. Le 6ème enfant décide de jouer seul, je le laisse faire et c’est parti, ils jouent maintenant en autonomie.

 

                                 3.4.2 Analyse de la séquence

 

- Les plus jeunes enfants (les TPS) ont beaucoup de mal à intégrer les règles et ont tendance à perturber le jeu des plus grands, ils n’arrivent pas à rester tranquillement assis sans bouger et se lèvent très souvent.

- Beaucoup d’enfants ont tendance à « voler » le foulard au voisin si celui-ci est moins rapide !

- Quand l’enfant qui a reçu le foulard doit se lever et courir après le « donneur de foulard », certains enfants se lèvent aussi et se mettent également à courir.

- Quand les deux enfants se poursuivent, ils ne courent pas en rond autour des autres mais ont tendance à vouloir occuper toute la salle de motricité.

 

                        3.5 Un jeu de communication : jeu du miroir (passer

 un rythme)

 

On peut classer ce jeu dans les « jeux éducatifs » décrits par Nicole De Grandmont:

Objectif principal: s’intégrer à des activités musicales collectives

Sous-objectifs:   - adapter son comportement dans une situation où il n’est pas seul

    - écouter l’autre

Mode de travail: en groupe classe

Matériel: 24 petits bâtons de pluie

Durée: 20 mn

Lieu: salle de classe

 

3.5.1 Déroulement de la séquence

 

Les enfants sont assis en demi-cercle dans la classe.

Chaque enfant reçoit un bâton de pluie, c’est leur premier contact avec cet instrument.

Les enfants découvrent l’instrument, le retournent dans tous les sens et le secouent.

Je leur laisse plusieurs minutes pour se familiariser avec l’objet : c’est une véritable cacophonie dans la classe, on ne s’entend plus !!

Je ramène un peu de calme puis je leur montre les différents sons que l’on peut obtenir suivant que l’on secoue fortement le bâton ou, au contraire, plus doucement.

Je leur propose alors un petit jeu : je me mets au milieu et les invite à agiter leur instrument suivant le même rythme que moi.

Tous comprennent très vite le jeu et suivent ma cadence sans problème, j’invite alors un enfant à prendre ma place de « chef d’orchestre » et je vais alors m’assoire avec les autres enfants.

                                 3.5.2 Analyse de la séquence

 

-         Tous les enfants ne veulent pas faire le « chef d’orchestre », ceux qui sont trop timides refusent catégoriquement.

-         Les enfants se lassent assez vite de ce jeu, ils deviennent rapidement turbulent, on peut donc considérer que 20 mn est un temps trop long, mais si on ramène le temps de la séquence à 15 mn, tous les enfants qui le désirent ne pourront pas être « chef d’orchestre » et certains se sentiront frustrés.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

CONCLUSION :

 

Le jeu en classe ne s’oppose pas au travail : au contraire, il peut être un outil pour l’enseignant, qui doit pouvoir et savoir l’utiliser à bon escient. En effet, le jeu à l’école n’est pas gratuit, il est un substitut de travail et non une distraction. L’utilisation du jeu comme outil pédagogique signifie donc que l’on ne doit pas s’en servir de manière hasardeuse mais qu’il doit être mis en place dans une situation d’apprentissage.

 

L’enfant doit avoir toutes possibilités de se livrer à des jeux et à des activités récréatives, qui doivent être orientées vers des fins visées par l’éducation; la société et les pouvoirs publics doivent s’efforcer de favoriser la jouissance de ce droit.

Principe 7 de la Déclaration des Droits de l’enfant.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Bibliographie

 

 

Livres lus en intégralité:

Les programmes de l'école primaire.                                                               C.N.D.P.  1995

Qu’apprend-on à l’école maternelle ? Les nouveaux programmes.                   C.N.D.P. 2002

Apprendre par les jeux                                                                       De Boeck 1996

Pédagogie du jeu, jouer pour apprendre                                                         De Boeck 1997

 

Livres consultés:

Pour l’école maternelle Programme Projets Activités               Hachette Education 1996