INTRODUCTION
L’article 2 de la Loi d’Orientation sur l’éducation de
1989 précise que l’accueil des enfants de 2 ans est étendu en priorité dans les
écoles situées dans un environnement social défavorisé.
Près de 35% des enfants de 2 ans sont scolarisés, soit
plus du tiers de la population totale des enfants ayant 2 ans au moment de la
rentrée scolaire.
Cela est dû à plusieurs facteurs :
-
la
volonté des parents de mettre leurs enfants en collectivité de plus en plus
précocement, en particulier à l’école maternelle qui remplit pour eux la double
fonction de socialiser et d’éduquer.
-
la
nécessité pour les parents qui travaillent, de faire garder leurs enfants.
-
L’incitation
du Ministère de l’Education Nationale à scolariser précocement les enfants.
Quand les tous petits sont accueillis à l’école
maternelle, ils peuvent être intégrés essentiellement dans deux types de
structure, généralement en fonction du nombre d’enfants et de places :
-
soit
ils sont accueillis dans une section qui leur est exclusivement réservée
(section tous petits ou section deux ans).
-
soit
ils sont intégrés dans une classe avec des enfants plus âgés, le plus souvent
une section de petits (3 ans révolus à la rentrée).
Dans ce contexte nous nous demanderons : quel est
l’intérêt et le rôle d’une scolarisation précoce ?
Dans un premier temps, je traiterai du développement d’un
enfant de 2 ans.
Puis un deuxième temps, je montrerai comment la
scolarisation des enfants de 2 ans favorise leur développement.
Enfin, je présenterai une séquence que j’ai menée avec une
classe de TPS / PS.
I )
Quel est le développement des enfants de deux ans ?
1.1)
Le développement cognitif
Dés son plus jeune âge l’enfant désire apprendre, sa
principale motivation c’est de rechercher la solution à un problème.
A l’école, il faut placer l’enfant devant un réel problème
pour qu’il ait envie de le résoudre.
D’après la classification en stades de Jean Piaget :
De
2 à 7 ans : stade pré-opératoire durant lequel l’abstraction simple, puis
empirique commence à se développer. L’intelligence de l’enfant cesse d’être
purement sensori-motrice, il peut penser grâce à la représentation mentale qui
donne accès à la fonction symbolique ou ce que Piaget appelle la fonction
sémiotique. La fonction sémiotique est la possibilité qu’acquiert l’enfant à
partir d’un an et demi de représenter quelque chose par un symbole ou par un
signe. C’est la période où apparaît l’imitation différée (en l’absence du
modèle), les jeux de fiction, l’image graphique (intermédiaire entre le jeu et
l’image mentale), l’image mentale et le langage.
La fonction
sémiotique marque un changement fondamental dans l’organisation intellectuelle
de l’enfant, l’intelligence n’est plus empirique, mais elle évolue vers une
intériorisation, une possibilité d’abstraction et de généralisation.
Pendant ce stade, la pensée se développe aussi : de
18 mois à 4 ans c’est le stade de la pensée préconceptuelle.
Le préconcept est à mi-chemin entre la généralité du
concept et l’individualité des éléments qui englobe le concept. Par exemple, un
enfant de 2 ans, qui voit la lune en différentes positions, parlera « des
lunes ». Il est donc victime de son point de vue perceptif par rapport
auquel il n’opère aucune décentration.
Piaget a donné le nom de transduction au type de
raisonnement que l’enfant utilise à ce stade.
Pour Piaget, il faut placer l’enfant devant des problèmes
moteurs, perceptifs ou logiques dont la difficulté soit surmontable. Car c’est
l’activité mentale du sujet qui permet à l’intelligence de se développer.
L’enfant se développe par son action sur l’environnement matériel et humain à
son rythme, de façon progressive et tous les enfants passant par les trois
mêmes stades dans le même ordre, aucun stade ne pouvant être atteint avant que
le cerveau ait acquis une certaine maturité neurophysiologique.
·
Le
principe d’assimilation, accommodation et équilibration :
L’enfant va essayer de s’adapter à la situation par assimilation de la nouveauté à ce qu’il connaît déjà, et accommodation aux propriétés de la situation inassimilables pour arriver à un état d’équilibre supérieur à l’état précédent. On comprend mieux la nécessité du tâtonnement de l’enfant dans la recherche de solutions, donc le besoin de lui procurer un environnement riche en matériaux et situations exploitables pour la construction de son développement intellectuel. C’est le rôle de l’école d’accompagner ce mouvement de développement psychologique de l’enfant.
·
Le
conflit cognitif :
Grâce aux conflits cognitifs qui se réalisent quand l’enfant rencontre des échecs, il va pouvoir avoir des points de vue différents. Il prend conscience des contradictions entre ce qu’il voit, ce qu’il pense et ce qu’il fait. Pour régler un conflit cognitif, l’enfant doit modifier ses structures mentales pour les accommoder, ce qui lui permet de progresser.
· Le principe de réversibilité :
C’est le moment où l’enfant est capable de se représenter mentalement des actions sans avoir besoin de passer par l’action elle-même.
1.2)
Le développement affectif
Pour Winnicott : les soins maternels permettent
d’éviter les déséquilibres précoces, le Moi de la mère suppléant le Moi de
l’enfant qui n’est pas totalement constitué.
Au début de la deuxième année, dans l’évolution de la
relation mère-enfant, l’enfant entre dans la troisième et dernière phase celle de l’indépendance. Il affronte
progressivement le monde et « s’identifie à la société ». En même
temps se développe la socialisation.
Lorsque l’enfant va
à l’école, il subit une séparation, sa mère ne peut pas être toujours là pour
satisfaire ses demandes.
Il a toujours un objet transitionnel (le doudou), qui a
souvent une propriété particulière : l’objet peut plaire en raison de sa
texture douce, dure ou molle, de sa chaleur, de son odeur. L’objet
transitionnel a une valeur de symbolique d’union avec la mère : c’est la
première manifestation de la capacité de l’enfant à imaginer.
Cet objet est très important pour l’enfant, il peut être
aimé avec passion et subir à d’autres moments des agressions violentes
auxquelles il doit survivre. Au cours de son développement l’enfant peut
remplacer l’objet transitionnel par d’autres, ou bien il garde toujours le
même. Certains enfants y ont recours de manière très ouverte et démonstrative
tandis que pour d’autres l’objet transitionnel restera toujours à l’abri des
regards. Ainsi, par exemple pendant mon stage les « doudous » étaient
mis dans une boîte, quand les enfants rentraient dans la classe ils déposaient
leurs « doudous » dedans. Mais comme ils le récupéraient pour la
sieste, souvent ils le gardaient avec eux pour la fin de la journée.
Il est nécessaire quand l’enfant ressent une angoisse,
comme le moment du coucher ou la séparation d’avec la mère pour aller à l’école
maternelle.
Il marque une étape importante dans la constitution du Moi
différencié de celui de la mère et donc de l’autonomie : il symbolise la
présence de la mère absente.
1.3)
Le développement de la socialisation
Piaget préférait utiliser le terme de
« sensorimoteur » pour mettre en évidence le rôle des coordinations
dans le développement.
Wallon a choisi d’insister sur l’aspect expressif de la motricité d’où le terme de
« psychomoteur ».
Ce qui est psychomoteur,
ce sont tous les mouvements qui se font par motivation, désir, et
émotion.
Le mouvement maîtrisé permet de prendre connaissance du
monde physique par la manipulation, l’action sur les objets et la marche.
Toutes ses actions rendent l’enfant autonome et permettent
de développer des contacts avec autrui.
Quand un enfant de 2 ans arrive à l’école maternelle, il
vient juste de savoir correctement marcher et ses intérêts sont d’explorer le
monde extérieur. Il sait prendre, serrer, tenir, lâcher, ramasser, pousser,
tirer, porter, presser, ouvrir, sauter si on le tient, il a moins besoin de
l’aide de l’adulte ; cependant tous ces actes sont encore maladroits.
Avec cette autonomie de la marche, l’enfant peut explorer
librement son environnement et elle permet à l’enfant d’élargir le champ de ses
relations sociales aux autres enfants et du même coup d’être confronté à des
individus qui ne pensent pas comme lui.
Pour Wallon : « La marche, puis le langage, qui
se développe au cours de la deuxième année, viennent encore renverser
l’équilibre du comportement. Les objets que l’enfant peut aller chercher et
transporter, dont il sait qu’ils ont un nom, se détachent du fond, sont
manipulés pour eux-mêmes. Ils les prend, les pousse, les traîne, les déplace,
soit à la main, soit dans une voiture ; ils les entasse, soit
indistinctement, soit par catégorie ; il emplit ou vide boîtes et sacs.
Mais, sur un autre plan, l’indépendance que donne à l’enfant son pouvoir
d’aller et venir par lui-même, la plus grande diversité de relations avec
l’entourage que lui assure déjà la parole rendent possible une affirmation plus
tranchée de sa personne. »
Lorsque S. Leclercq a traité le sujet de la socialisation,
elle en a souligné la polysémie. De nombreuses définitions sont attachées à
cette notion, entre autres : « action d’un groupe social pour faire
intérioriser par ses membres règles, normes, valeurs, rôles,…notamment au moyen
de l’éducation, de la formation, de l’environnement » et « action
d’un individu pour s’adapter et s’intégrer à un groupe social, y trouver sa
place ».
Pour S. Leclercq, la socialisation est le résultat des
interactions sociales entre l’individu, les autres et les situations.
Pour Piaget, la socialisation obéit à une logique interne
du développement (qui va de l’égocentrisme à la socialisation).
Mais pour Wallon et Vygotski, la socialisation obéit aux
interactions sociales de l’enfant et du milieu, elle se développe dans
l’affrontement avec la réalité extérieure, qui favorise le conflit
socio-cognitif. En cela l’école maternelle contribue au développement de
l’autonomie en permettant aux enfants de se frotter à d’autres sans pouvoir
retourner voir leurs mères dès que ça ne va pas.
Pour Piaget, le rôle de l’école est d’aider l’enfant à
sortir de son égocentrisme pour collaborer avec les autres en le sollicitant
par des activités.
Pour Vygotski, l’importance qu’il accorde aux interactions
sociales le rapproche de Wallon. Mais il va encore plus loin en considérant que
l’école doit anticiper le développement de l’enfant en intégrant son action
dans la zone où ses structures mentales arrivent à maturité (zone de proche développement)
et qui correspondent à ce que l’enfant est capable de faire avec l’aide de
l’adulte.
1.4)
Le développement du langage
Le développement du langage fait partie du développement
intellectuel de l’enfant.
La parole est considérée par Henri Wallon comme la
deuxième source du développement de l’intelligence, la première étant la
psychomotricité.
Mais l’enfant arrive à communiquer avant l’apparition du
langage.
En effet, pour Wallon, un nourrisson communique au niveau
émotionnel, c’est une façon pour l’enfant d’agir sur autrui.
Si l’enfant apprend à parler, c’est qu’il est entouré de ses
parents parlant entre eux et parlant aussi aux enfants.
Pour Vygotski, il y a quatre stades dans le développement
du langage :
Au niveau du langage égocentrisme il existe un débat entre
Piaget et Vygotski : Vygotski s’interroge sur la place du langage
égocentrique du point de vue génétique, fonctionnel et structural : à la
différence de Piaget qui en fait un phénomène intermédiaire entre la pensée
autistique du bébé et la pensée dirigée et socialisée de l’enfant évolué,
Vygotski considère que le langage est d’abord social et intersubjectif. Le
langage égocentrique est alors intermédiaire entre le langage de la
communication avec autrui et le langage intérieur (de la pensée). Vygotski s’intéresse
à la fonction psychologique du langage égocentrique de l’enfant et cherche à
montrer qu’il s’agit d’une forme d’accompagnement de la pensée, qui prendra
chez l’adulte la forme du langage intérieur.
Selon Vygotski, c’est sous l’influence de la psychanalyse
que Piaget adopte ce point de vue.
Piaget a découvert que les caractéristiques du langage
égocentrique sont que l’enfant ne parle que de lui-même, ne cherche pas à se
placer du point de vue de l’interlocuteur, ni à savoir si on l’écoute. C’est
une sorte de monologue qui n’est adressé à personne, par lequel l’enfant
accompagne son activité. Selon Piaget, le langage égocentrique ne remplit
aucune fonction objectivement utile, et participe ainsi davantage du rêve et de
la rêverie que de la logique. C’est donc selon lui, une étape vers le langage
socialisé qui, progressivement, va occuper une proportion de plus en plus
importante du langage de l’enfant.
Pour Vygotski, le langage égocentrique n’a donc pas
seulement une fonction de décharge et d’expression, mais celle aussi
d’élaboration d’un plan en vue de résoudre le problème rencontré : le
langage égocentrique accompagne en fait les tournants de l’activité, en
fonction des aléas rencontrés.
Alors que pour Piaget le destin du langage égocentrique
est de disparaître au profit du langage socialisé, Vygotski estime que son
destin est de se transformer en langage intérieur.
II) Comment développer la scolarisation des enfants de deux ans ?
A deux ans, quand un enfant entre à l’école, il
arrive dans un milieu différent : le milieu scolaire. Celui-ci va l’aider
à acquérir l’autonomie affective, relationnelle, intellectuelle et motrice, à
se construire une personnalité déjà commencée dans le milieu familial.
2.1)
Selon les instructions officielles
La loi d’orientation sur l’éducation du 10 juillet 1989, précise dans son article 2 que : « tout enfant doit pouvoir être accueilli, à l’âge de trois ans, dans une école maternelle ou une classe enfantine le plus près possible de son domicile, si sa famille en fait la demande. L’accueil des enfants de deux ans est étendu en priorité dans les écoles situées dans un environnement social défavorisé, que ce soit dans les zones urbaines, rurales ou montagnes ».
Une enquête qui a été réalisée dans les ZEP montre que la
scolarisation précoce pourrait influer fortement sur le niveau général acquis
par la population scolaire d’une zone d’éducation prioritaire (meilleurs
résultats moyens aux évaluations nationales, meilleurs niveaux atteints en fin
de scolarité obligatoire,…)
Mais, la scolarisation à deux ans ne modifie pas la
hiérarchie des réussites individuelles au niveau des inégalités d’origine
sociale, elle serait susceptible d’élever le niveau général atteint par une
population scolaire.
2.2)
Les compétences à acquérir
Les
objectifs présentés dans les Instructions Officielles sont :
§
développement
du langage
§
développement
des attitudes sensori-motrices
§
socialisation
§
sécurisation
§
observation
de chaque enfant
Pour ce qui est de l’observation de chaque enfant, l’école
en général et l’école maternelle à un stade précoce, se doivent de s’assurer
que l’enfant ne souffre d’aucun handicap (vue, ouïe,…) ni d’aucun mauvais
traitement.
La sécurisation à l’école dépend à mon avis de la
socialisation et du développement des attitudes sensori-motrices. En effet, un
enfant qui est bien dans son corps, qui commence à le maîtriser (la marche à 2
ans est moins assurée qu’à 5 ans), et qui est bien dans son groupe, se sentira
en sécurité. Mais l’enfant pour être en sécurité a besoin de la présence d’un
adulte, il est nécessaire pour régler les conflits entre enfants.
Les
compétences à acquérir par les enfants sont essentiellement :
§
développement
du langage
§
développement
des attitudes sensori-motrices
§
socialisation
2.2.1)
Le développement du langage
La
maîtrise de la langue est un enjeu prioritaire. Le langage peut être écrit ou
oral, et l’on peut être émetteur et récepteur.
Cela
peut se schématiser de la manière suivante :
Le langage étant « le lien et le fondement sur lequel
s’édifient tous les apprentissages » (B.O. HS
N°8 du 21.10.1999), l’école maternelle se doit de permettre à chacun d’accéder
au langage, de le maîtriser, d’en comprendre les fonctions, et ce afin de mieux
armer chaque élève pour la scolarité future.
Comment ce domaine est-il traité avec des tous
petits ?
2.2.1.1) L’oral
Le B.O. cité plus haut met l’accent sur l’oral et précise
que les activités mises en place pour l’ensemble de l’école maternelle devront
permettre :
§
d’apprendre
à échanger
§
d’apprendre
à pratiquer des fonctions variées du langage
§
d’apprendre
à comprendre
§
d’apprendre
à s’intéresser au fonctionnement du langage
Dans la section de tout-petits et petits, l’oral tient une
place très importante.
En effet, tout au long de la journée le langage est
utilisé : pour se dire bonjour (la maîtresse a une petite conversation
avec chaque enfant et sa maman pendant l’accueil), échanger et commenter (entre
enfants et avec l’adulte), donner (et donc comprendre des consignes), gérer les
ateliers, gérer les conflits, demander (pour aller aux toilettes, avoir un jeu,
un peu plus de goûter,…) et pour remercier (ce que Nicole Pradel appelle les
mots magiques).
Ce « bain » de langage est présenté dans Les
enfants de 2 à 4 ans à l’école maternelle : « L’acquisition du
langage se fait par imprégnation, tout au long de la journée, et c’est souvent
dans les menus faits de la vie courante (habillage, déjeuner…) que l’enfant,
surtout dans cette section, se trouve dans une situation véritable d’expression
et de communication. »
Le « bain » de langage représente ce que Wallon
appelle les interactions verbales avec les autres.
Les activités spécifiques de langage peuvent être :
des échanges à l’aide de marionnettes (tous les matins lors du regroupement),
jeu de questions / réponses (qu’a-t-on chanté la semaine dernière, que fait
Maman Clown,…), les comptines, les chansons, le visionnage de cassettes vidéo
comme Petit Ours Brun, Léo et Popi,… avec tous les commentaires (spontanés ou
en réponse aux questions de la maîtresse) que cela implique.
La classe de tout-petits et petits, où j’ai fait mon
stage, était hétérogène car il y avait des enfants de deux ans et demi à trois
ans, plus des enfants qui avaient fait une toute-petite section l’année
précédente. La présence d’enfants qui parlent souvent peut être stimulant pour
les autres.
Mais cette stimulation peut-être plus important s’il
existe des décloisonnements.
2.2.1.2) L’écrit
A l’école maternelle, les activités devront
permettre de :
§
découvrir
de multiples supports de lecture
§
aborder
une grande variété de textes
§
commencer
à produire des textes écrits
§
s’exercer
à tracer des mots et des messages
Ces deux derniers points ne constituent pas des objectifs
pour tous-petits. En effet, la place réservée à l’écrit en section tout-petit
et petit est limitée : étiquettes avec les prénoms écrits à côté des
photographies pour les portemanteaux, la cantine, les présents, les ateliers et
les places au coin regroupement.
La découverte de multiples supports de lecture est moins
ciblée en section tout-petit et petit, où le livre et l’affiche (parole de
comptines, recettes) restent les seuls supports abordés.
Lors de mon stage, j’ai pu observer qu’il n’y avait pas
d’écriture spontanée, c’est-à-dire que la maîtresse n’écrivait pas un nom ou un
mot qu’on avait abordé sur un tableau par exemple. Il n’y avait pas écriture
devant l’enfant, ce qui aurait pu consolider les connaissances de l’enfant sur
le rapport entre ces deux composantes de la langue.
2.2.2) Le développement des
attitudes sensori-motrices
Les activités sensori-motrices sont énumérées dans Les
Instructions Officielles : activités motrices, jeux moteurs ;
utilisation de jouets roulants et porteurs ; jeux de doigts, jeux de
mains, comptines, jeux de rythmes ; jeux de constructions ; activités
manuelles ; dessin, peinture.
Dans la classe de touts-petits et petits, on retrouve la
plupart de ces activités au quotidien, mais à des niveaux de difficulté
différents.
D’où la nécessité pour une classe de tout-petits d’avoir beaucoup d’espace et de matériel à sa disposition, pour que les enfants puissent développer toutes les activités motrices et sensorielles.
2.2.3) La socialisation
Il y a trois variables qui entrent dans la socialisation
des tout-petits à l’école : l’enfant, les autres enfants et les adultes,
enfin les activités. Ces dernières favorisent l’établissement des relations,
car elles sont collectives et nécessitent la prise en compte de l’autre.
Ces activités peuvent être :
§
jeux
dans les coins imitations, par exemple le coin cuisine. La maîtresse suggère
quelques situations : mettre la table, faire le lit de la poupée.
§
jeux
de doigts, comptines, histoire, goûter, fêtes,… Ces activités vécues ensemble
permettent d’éprouver des émotions communes
§
activités
motrices (rondes)
Lors de mon stage, j’ai pu observer ces activités mises en
place dans la section de tout-petits et petits. De plus, la présence de plus
grands peut se révéler comme un facteur positif : ils entraînent souvent
les plus petits dans leurs jeux et communiquent entre eux.
La socialisation dépend aussi de l’autonomie de chacun. Un
enfant pas assez autonome restera près de l’adulte, sollicitera son attention
et s’enfermera dans une relation duelle, sans s’intéresser aux autres.
Dans une optique de socialisation, on peut penser que
l’hétérogénéité peut être la meilleure solution. Néanmoins, il faut prendre en
compte d’autres facteurs. En effet, les enfants plus âgés peuvent être
agressifs envers les plus petits, ou du moins brusques. Cela dit, une classe à
plusieurs niveaux, permet de regrouper les enfants par tranche d’âge à certains
moments et pour certaines activités.
Dans Grand à la crèche et petit à l’école ?,
J. Daumont affirme que l’enfant « va être confronté à des situations où on
s’opposera à ses désirs, où il devra partager. […] Son expérience va s’enrichir
de celle des autres ; en les imitant, il va faire des acquisitions
nouvelles. C’est dans de telles rencontres avec les autres enfants qu’il va se
construire. Je pense que l’école maternelle est très importante parce qu’elle
permet cette vie en commun entre enfants du même groupe d’âge. »
La frustration des désirs de l’enfant est un facteur
positif parce qu’il acquiert le sens de la rivalité et se détache par
conséquent du fantasme d’omnipotence qui marque son psychisme jusqu’a environ 2
ans et demi.
Je dirais que la vie en groupe (de même âge ou d’âges
différents), représente une situation favorable à la socialisation. Etre
autonome, c’est se sentir séparé, différencié dans son Moi, donc devenir
accessible à la relation, au partage, à la communication avec des autres
reconnus comme alter ego et non plus ego fusionnel.
L’école permet donc d’apprendre à vivre ensemble, à mieux
connaître les autres. Cet apprentissage est essentiel pour pouvoir s’intégrer
dans la vie sociale. Cette compétence sera utile à tous tout au long de leur
vie.
J. Daumont pense que « un enfant, même si petit, peut
être précocement aidé pour son devenir, quand il affronte à l’école des
situations sociales très différentes de celles vécues dans son milieu
familier. »
III) Le parcours de motricité dans une classe de
TPS / PS
3.1)
Le dispositif pédagogique
3.1.1)
Introduction
J’ai choisi de présenter une séquence sur les parcours de
motricité en classe de TPS / PS, car c’est une séquence que nous avons menée
durant notre stage.
Nous avons fait découvrir le parcours de motricité à cette classe au mois de novembre. C’était une activité totalement nouvelle pour les enfants en EPS.
3.1.2)
Description du dispositif
Titre : Parcours de motricité séance n°2
Domaine
d’activité : Agir dans le monde
Matériel : Poutre et gros
tapis en dessous et sur les côtés
Pont en hauteur et banc pour monter dessus en plan
incliné, accroché à l’échelle et
gros tapis autour et en dessous.
Mini trampoline et tapis autour.
Plots en forme de cône et cerceaux dessus.
Haies.
Durée : 25 minutes
Objectifs
spécifiques : Verbes d’action :
marcher, enjamber, grimper, sauter et glisser.
Oser réaliser, en sécurité, des actions dans un milieu
aménagé.
Savoir se tenir en équilibre.
Objectifs
transversaux : Prise de risque en modulant son énergie
Autonomie
Observer
Développer des capacités sensori-motrices
Savoir
attendre son tour
Consignes
données aux enfants : « Vous allez
continuer le parcours, en passant chacun son tour sur les différents ateliers.
Je
vous rappelle qu’il faut faire tous les ateliers à la suite. Et qu’il ne faut
pas courir.
Il
y a aussi des règles de sécurité à respecter :
-
Un
seul enfant à la fois par obstacle
-
Un
seul enfant à la fois qui glisse sur le toboggan
-
Ne
pas pousser les autres enfants quand on est sur le pont en hauteur
-
Descendre
du pont en hauteur par l’échelle en se retournant et il ne faut pas
sauter. »
Déroulement
de la séance :
1.
Regroupement
des enfants dans la salle de classe.
2.
Donner
les consignes en classe
3.
En
rang deux par deux pour aller dans la salle de motricité
4.
Diviser
la classe en deux groupes pour éviter les « embouteillages » au
départ.
5.
Les
enfants commencent à faire le parcours
6.
A
la fin de la séance regroupement des enfants pour un retour au calme.
Cette activité permet aux enfants de :
·
Développer
leur autonomie : il fallait qu’ils essayent seuls de passer chaque obstacle
sans l’aide de l’adulte, car souvent les enfants de deux ans sont aidés de
l’adulte, ou les parents les aident que les enfants les sollicitent ou non.
·
Développer
les capacités sensori-motrices : remettre en cause son équilibre comme le
passage sur la poutre. Les tous petits au mois de novembre arrivaient tous à
courir correctement, cet atelier est là pour vérifier leur équilibre, car ils
doivent avancer un pied devant l’autre.
·
Savoir
prendre des informations et des repères. Ne pas regarder ses pieds mais loin
devant pour voir la fin de l’obstacle.
·
Oser
prendre des risques dans un environnement adapté et sécurisé et gérer ses
émotions. C’est se confronter à des difficultés qu’ils ne voient pas chez
eux : marcher sur la poutre, enjamber les haies, passer dans les cerceaux.
3.1.4)
Déroulement de la séquence :
La consigne lors de la deuxième séance a été donnée en
classe, car à la première séance nous avions donné la consigne dans la salle de
motricité mais les enfants intrigués par le matériel nous avaient très peu
écoutés ; en plus, souvent ils s’allongeaient ou discutaient avec des
copains.
En classe, ils sont dans le coin regroupement, donc plus
attentifs à ce que nous leur disons. Les enfants en TPS / PS n’ont pas
l’habitude d’écouter une personne trop longtemps. Les enfants après avoir été
aux toilettes arrivaient par petits groupes dans le coin regroupement, et
commençaient à discuter, à se disputer entre eux.
Nous avons pu leur donner la consigne et les règles de
sécurité à respecter. Pour leur demander la consigne nous les avons questionnés
d’abord sur ce dont ils se souvenaient de ce qu’ils avaient fait la veille. Les
enfants qui ont répondu se sont mis à parler tous ensemble, il a fallu leur
demander de se taire et après interroger l’un après l’autre ceux qui avaient
quelque chose à dire. Il n’y en avait que un ou deux qui se souvenaient
réellement de ce qu’ils avaient fait. Nous avons réexpliqué la consigne :
« nous allons faire comme hier, le parcours. Vous vous souvenez qu’il faut
essayer de passer sur tous les ateliers. Il ne faut pas courir dans la salle de
jeux. Il ne faut être qu’un enfant par atelier,
et surtout au toboggan pour éviter de vous faire mal. Il ne faut pas que
vous poussiez quand celui qui est devant vous avance moins vite. Attention pour
descendre du pont il ne faut pas sauter d’en haut comme hier, mais se retourner
pour descendre à l’échelle. »
La consigne est assez longue et il a fallu rappeler à
l’ordre quelques enfants qui regardaient la maîtresse qui était assise au
bureau et ils lui posaient des questions. Après avoir demandé si tout le monde
avait bien compris ce qu’ils devaient faire, nous leur avons demandé de se
ranger deux par deux et tous les enfants se sont rués sur la porte, il a fallu
organiser le rang et gérer les conflits de ceux qui voulaient être absolument
avec leur copain ou copine.
Nous avons réussi à les mettre deux par deux, mais
heureusement que la salle de motricité est proche car le rang n’est pas resté
longtemps formé.
Quand les enfants arrivent dans la salle de motricité ils
sont assez excités.
Au début de l’activité pour rafraîchir la mémoire des
enfants et mieux comprendre la consigne, nous avons demandé à un enfant de 3
ans et qui se souvenait de ce qu’il avait fait la veille, de faire le parcours
en entier, afin que les enfants sachent exactement ce qu’ils ont à faire. De
plus, il est plus facile pour eux de comprendre en voyant un autre exécuter ce
qu’ils vont devoir faire par la suite.
La classe a été divisée en deux groupes pour le départ,
afin d’éviter les embouteillages. Le même problème d’affinités des enfants
s’est posé à nouveau.
Pour le départ bien que la classe soit divisée en deux, il
y a toujours un problème au niveau de l’attente car comme il ne faut qu’un
enfant par obstacle, il est difficile pour les autres d’attendre calmement.
Nous avons utilisé plusieurs procédés : les mettre l’un derrière l’autre,
mais la file ne reste pas groupée très longtemps, ou les faire asseoir, mais le
problème est qu’il faut qu’ils se relèvent après pour commencer.
On les a fait mettre quand même en file. Mais ils
n’étaient pas patients pour attendre leur tour, heureusement que ceux de devant
ont avancé assez vite.
Pour le départ à la poutre les enfants devaient passer
sur : la poutre en marchant debout et, arrivés à l’extrémité de la poutre,
ils devaient monter et glisser sur le toboggan. Nous avons utiliser
l’imaginaire pour que les enfants s’imprègnent totalement de l’action : il
faut marcher sur la poutre car en dessous il y a des crocodiles.
Puis monter sur le
banc qui était en plan incliné pour arriver sur le pont en hauteur, puis
descendre par l’échelle. Ensuite ils devaient enjamber des haies et après se
diriger vers le mini trampoline où ils devaient faire trois rebonds. Enfin ils
devaient passer dans des cerceaux qui étaient fixés sur des plots. Et ils
revenaient à la poutre, pour recommencer les ateliers dans cet ordre pendant 25
minutes.
L’autre départ était mis au niveau de la structure en
hauteur.
L’enseignant et l’ATSEM étaient
présents, dans la salle de motricité. L’un se trouvait au mini trampoline et le
deuxième devait remettre les ateliers en ordre, par exemple quand un cerceau
tombait, il le remettait en place.
L’enseignant et l’ATSEM doivent vérifier que les règles de
sécurité sont bien prises en compte par les enfants. Ils doivent aussi gérer le
flux des enfants comme au trampoline.
Pendant 25 minutes les enfants ont fait le parcours dans
tous les sens, autant de fois qu’ils le voulaient. C’était assez bruyant.
Parfois il a fallu gérer des conflits car ils se bagarraient car untel est
passé devant untel.
A la fin de la séquence pour les calmer, nous avons fait
un retour au calme les enfants s’allongeaient sur le sol et ils devaient
respirer calmement pendant 5 à 10 minutes. En fait, on leur demandait de ne
plus parler et de poser leurs mains sur leurs ventres pour le sentir bouger, ce
qu’ils ont tous fait.
Puis, ils se remettaient en rang pour retourner en classe.
Même après un moment calme pour le rang nous avons eu le même problème qu’au
début de la séquence.
3.2)
Bilan et commentaire
Le parcours de motricité est une activité qui permet
d’être seul et à la fois en groupe, l’enfant peut faire le parcours seul ou il
le fait avec un copain l’un après l’autre et parfois ils peuvent même
s’entraider.
Tous les enfants n’ont pas fait le parcours en entier
certains refaisaient plusieurs fois le même atelier, mais nous avons décidé de
les laisser faire, car si un enfant recommençait un obstacle plusieurs fois
c’est qu’il prenait du plaisir à le faire et c’est aussi le but de notre
activité.
Les enfants de trois ans ont montré l’exemple à ceux de
deux ans. Cela les rassure, ils ont beaucoup moins peur car les plus grands y
arrivent alors pourquoi pas eux. Ils se sentent moins dans une situation de
problèmes.
Tous les enfants ont réussi à passer tous les obstacles. Ce
qui changeait selon leur âge, c’était la vitesse pour franchir un obstacle.
La présence de l’adulte est là pour guider les enfants et
aussi les canaliser.
Après avoir fait le parcours en entier, les enfants
allaient sur l’obstacle qui leur procuraient le plus de plaisir.
Le bruit dans la séquence montre que les enfants étaient
heureux, on avait l’impression que tous voulaient crier plus fort que les
autres.
CONCLUSION
« L’école maternelle offre à l’enfant de 2 ans un
champ d’expériences avec d’autres enfants de son âge, avec lesquels il va
partager ses jeux, ses découvertes, des histoires. Il sera accompagné par un
maître qui lui permet d’agir sur le monde, de le découvrir, de vivre avec
d’autres enfants, de construire son langage, sa logique, de développer son
imagination, sa sensibilité, sa confiance en lui au cœur d’une équipe éducative
qui va prendre soin de lui. » Thérèse Boisdon.
L’école maternelle permet à l’enfant de 2 ans de
développer ses besoins physiologiques, affectifs et intellectuels et sociaux.
L’école maternelle propose aux enfants des situations qu’ils ne découvriraient
pas chez eux, au travers d’activités qui sont des situations problèmes.
Le seul point négatif est que les écoles sont souvent
anciennes et la structure n’est pas idéale pour une classe de tous
petits : par exemple les salles de classes sont trop petites pour pouvoir y mettre des
porteurs.
Cependant, il ne faut pas confondre école maternelle et
mode de garde. De plus, une matinée d’activités dans l’école peut être positif
pour les enfants, mais souvent ils y restent une journée entière, ce qui est
beaucoup trop long pour un enfant de 2 ans.
BIBLIOGRAPHIE
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