Garcia-Debanc, Chapitre 13 (Tome 1) Qu’est-ce que lire ?

 

Les différents modèles de compréhension

Le modèle ascendant

La compréhension d’un énoncé résulte de l’appréhension des différentes unités qui le composent, de façon exhaustive et dans une succession linéaire et continue. L’identification des mots est le point de départ de l’activité de compréhension. Ce modèle sous-tend aussi bien les méthodes syllabiques que globales ou phonologiques.

Très largement décrié dans les années 1970-80 par des chercheurs en didactique comme Jean Foucambert ou Evelyne Charmeux, ce modèle est aujourd’hui soutenu par de nombreux linguistes (M.Fayol, J.E.Gombert, A.Bentolila) et chercheurs en sciences de l’éducation (équipe de Jacques Fijalkow).

 

Le modèle descendant

L’accès à la signification est direct, il implique une saisie immédiate de formes globales. Le lecteur perçoit des significations. Il prélève des indices de nature différente qu’il met en relation pour construire le sens des énoncés.

L’identification des mots est alors plutôt perçue comme une conséquence de la compréhension. Elle ne peut être effectuée correctement sans la prise en compte du contexte.

Pour les tenants de ce modèle, l’oralisation ralentit le processus de lecture, fatigue le lecteur et n’aide en rien à comprendre.

Au schéma classique

formes écrites……. oralisation………. compréhension

Foucambert substitue le schéma

formes écrites……... compréhension

 

Le modèle interactif : ascendant/descendant

L.Sprenger-Charolles

Interaction constante entre les stratégies ascendantes et descendantes. Le bon lecteur est celui qui peut jouer en permanence de l’interaction entre différentes stratégies.

 

Un modèle plus intégrateur : celui de Jocelyne Giasson

En 1990, cette Canadienne, docteur en sciences de l’éducation et en psychologie, reprend l’idée d’un modèle interactif en le développant. Elle insiste davantage sur la lecture comme activité cognitive mettant en jeu le raisonnement.

Il y a cinq catégories de processus qui interviennent  dans la compréhension de façon simultanée et interactive :

-         les microprocessus qui servent à comprendre l’information contenue dans une phrase

-         les processus d’intégration qui assurent le lien entre les phrases

-         les macroprocessus orientés vers la compréhension globale du texte

-         les processus d’élaboration qui permettent au lecteur de dépasser le texte, en effectuant les inférences non prévues par l’auteur

-         les processus métacognitifs qui permettent au lecteur de faire un retour sur sa propre activité de lecteur. 

 

L’approche sociologique de la lecture

Diversité des genres d’écrits et de leurs fonctions sociales

La lecture est une activité polyvalente

Longtemps, la lecture a été associée aux livres et même aux ouvrages littéraires. En fait, la société actuelle propose une offre de lecture de plus en plus grande et de plus en plus diversifiée.

Il est donc important que l’école organise l’exploration la plus large et la plus ouverte possible des écrits à lire. Chacun de ces écrits obéit aux règles de codage d’un genre, faits de langue, contenus véhiculés qui nécessite une fréquentation régulière pour pouvoir être compris.

 

La lecture n’est jamais une activité gratuite (pour l’adulte)

On lit pour s’informer, se faire une opinion sur un sujet, se distraire, agir… On lit pour soi ou pour communiquer avec d’autres.

Les modalités de lecture sont, elles aussi, très différentes. Des chercheurs en didactique comme E.Charmeux ou J.Jolibert ont beaucoup « milité » dans les années 80 pour que les actes de lecture que propose l’école trouvent leur sens dans des projets finalisés.

 

Nouveaux profils de lecteurs, nouvelles modalités de lecture

Du XVIIème au XIXème, les échanges autour des livres avaient une large place dans les salons et les cafés littéraires. Des émissions télévisées comme Bouillon de culture, les rencontres avec les écrivains organisées par les libraires montrent l’importance des échanges collectifs, complémentaires de la lecture privée pratiquée en solitaire.

A l’école de s’emparer de ces pratiques sociales, de les faire vivre dans ses murs et à l’extérieur. De même, al réhabilitation de la lecture à haute voix peut être un excellent moyen de faire partager à d’autres un plaisir de lecture et/ou de leur faire connaître un nouvel ouvrage.