Garcia-Debanc : chapitre 19, Lire un roman en cycle 3
La lecture suivie d’un roman se fait dans la perpective de l’entrée au collège et pour développer des attitudes différentes de lecture (cf. IO). Il est conseillé aux enseignants de privilégier la production littéraire destinée à l’enfance en ne se limitant pas à la production française.
Cette lecture est le plus souvent intégrale. Si l’enfant est un lecteur compétent et si le sujet l’intéresse, elle peut aller très vite. deux points sont importants :
- croire qu’on aide les enfants en difficulté en leur laissant beaucoup de temps pour lire un roman est un leurre ;
- égrener la lecture du roman, chapitre après chapitre, en classe, risque de les conforter dans leur représentation d’une activité ennuyeuse, sans enjeu réel.
Le meilleur moyen pour dynamiser leur lecture est peut-être de leur proposer des activités qui vont jalonner leur lecture, sans trop la fractionner.
Désormais la tâche n’est plus centrée sur « qu’est-ce que le livre raconte ? » mais sur « comment l’auteur s’y est-il pris pour raconter son histoire, décrire ses personnages, produire tel ou tel effet ?… ». Ces activités d’analyse, qui préparent le travail demandé sur les textes au collège et au lycée, sont d’autant mieux vécues par les élèves qu’elles sont une aide à al réalisation de projets d’écriture fictionnels, plus ou moins ambitieux.
Les activités de ce type ont un double but : faciliter la lecture longue et travailler de façon plus spécifique certaines compétences de lecture (anticiper, émettre des hypothèses et les valider…).
C’est au début du roman qu’un véritable contrat est passé entre l’auteur et le lecteur : l’auteur doit assurer la crédibilité de l’univers fictif qu’il a créé et le lecteur doit comprendre et accepter d’entrer dans cet univers. Ce début de lecture aura tout intérêt à être fait en classe avec l’ensemble du groupe et à être suivi d’un échange qui permettra de répondre à quelques questions essentielles (nbr de personnages, leur identité, leur rôle et leurs relations, lieu et moment de l’histoire, narrateur, tonalité générale).
Ensuite, il semble préférable de laisser les enfants lire qq chapitres chez eux, à leur rythme.
Elle consiste à leur demander de formuler des hypothèses sur les suites possibles du récit, à partir d’un moment choisi. Les propositions sont ensuite confrontées et validées ou non. Elle n’est donc possible que s’ils n’ont pas lu l’ouvrage d’une seule traite. L’essentiel de l’activité est menée dans le cadre collectif de la classe.
Autre activité possible, sur le roman policier : relever au fur et à mesure de la lecture les indices qui permettent de désigner tel ou tel personnage comme suspect.
Dans le cadre de la lecture suivie, cela se déroule généralement de la manière suivante : un chapitre est fractionné en plusieurs parties et la classe est divisée en groupes où le nombre de membres à l’intérieur du groupe est le même que le nombre de parties. Chaque enfant reçoit à l’intérieur de son groupe un fragment du chapitre, le groupe possédant la totalité des éléments pour pouvoir le reconstituer. après une lecture individuelle de sa partie, chaque enfant reformule aux autres le contenu de sa partie. s’engage alors une discussion pour reconstituer le bon ordre. Les enfants peuvent ensuite consulter le roman pour vérifier.
Il vaut mieux la pratiquer quand la lecture du roman est bien avancée. L’enseignant efface certains mots ou certaines phrases sur deux ou trois pages. les enfants doivent faire des propositions pour « combler les trous ». Le choix des éléments manquants est déterminant pour l’intérêt de l’activité : retenir certains mots-clef de l’œuvre ou des éléments moins facilement prévisibles.
- Retrouver les passages que l’illustrateur a choisi d’illustrer
- Analyse plus fouillée d’une ou deux images : effets produits, modifications éventuelles pour l’interprétation du texte.
Elle a pour but de sensibiliser les élèves aux problèmes posés par l’écriture d’un roman et de leur permettre d’apprécier les propositions des auteurs.
Pour beaucoup d’élèves, les personnages présentés relèvent plus de la collection que de la construction en réseau organisé. D’où la nécessité de leur proposer des activités qui permettent de travailler ces différents domaines.
Certains enfants confondent personnage et personne humaine, personnage et individu. Il faut donc se mettre d’accord sur la notion de personnage, décider si on ne retient que les personnages qui ont un rôle dans l’action. cette activité permet aussi de vérifier si les enfants repèrent le même personnage sous des désignations différentes.
- Par ordre d’importance
- Par rapport au héros : les amis, les ennemis, les « neutres » (en prenant appui sur le schéma actantiel
- Schéma des relations entre les personnages
- On peut demander aux élèves de trouver eux-mêmes les critères de classement. C’est plus facile si les personnages sont nombreux.
L’essentiel est de faire découvrir aux enfants que les personnages ne sont pas des entités autonomes mais qu’ils sont organisés selon des réseaux d’oppositions ou de contrastes qui permettent à l’histoire de fonctionner.
C’est plus motivant si les élèves ont à en produire un.
1ère activité : recenser les éléments qui peuvent figurer dans un portrait et faire une fiche signalétique des personnages. Pb : cela aide peu pour la rédaction d’un portrait. Il est important de faire apparaître la cohérence d’ensemble du personnage et d’établir des liens entre le portrait du personnage et son comportement, ses paroles.
Autre activité possible : lecture à haute voix par l’enseignant d’un extrait de dialogue en occultant le nom des protagonistes. Les enfants doivent retrouver qui parle en indiquant les indices qui leur ont permis de savoir.
Le roman est divisé en chapitres et la classe en groupes. Chaque groupe doit retrouver les événements essentiels de 2 ou 3 chapitres. Sur une grande affiche fixée au tableau, on a matérialisé l’axe du temps par une flèche qui va de gauche à droite. Chaque secrétaire de groupe vient inscrire le n° des chapitres traités et les événements retenus comme importants. Ensuite, une analyse de la structure de l’histoire est possible. La première partie est un exercice difficile pour bcp mais qui leur fait travailler le résumé et la recherche de titres en situation motivée.
- Faire reformuler l’énigme posée au début du livre
- Faire compter le nombre de chapitres correspondant à l’enquête
- Faire chercher quels indices étaient pertinents pour trouver le ou les coupables. L’étude de la scène finale au cours de laquelle le détective réunit tous les protagonistes de l’histoire pour présenter sa « démonstration » est particulièrement intéressante.
Le roman est confronté à la représentation d’un espace le plus souvent réel ou à l’image de la réalité. En outre, la représentation de l’espace est étroitement liée à son fonctionnement.
Elle peut suspendre momentanément le rythme de l’action. Au contraire, la description d’un lieu dangereux que le héros doit franchir, par exemple, dramatise la situation et renforce le suspense de l’action. La description peut fournir des connaissances encyclopédiques au lecteur, sur une civilisation peu connue par exemple. Il sera intéressant de faire comparer les indications documentaires de ce type dans un récit de fiction et dans des ouvrages plus informatifs.
Cf. 3ème activité ci-dessus. La description est souvent faite par un personnage et porte la marque de ses états d’âme du moment. Il est également intéressant de remarquer la position et le statut du « descripteur ».
Le roman s’inscrit dans une durée longue et une époque précise. Il est important que les enfants repèrent dès le début le moment de l’action et la date d’écriture du livre. Il peut y avoir ou non coïncidence entre ces deux dates. Ensuite, il est intéressant de comparer le temps de la fiction : combien de temps a duré cette histoire ? et le temps de la narration : combien de pages l’auteur a-t-il consacré à la relation de tel ou tel événement ? Des relevés systématiques peuvent être faits sous forme de tableau. Il permet de voir que le temps de la narration est différent du temps de la fiction. On peut ainsi remarquer que les temps d’accélération et de ralentissement de la narration sont en relation étroite avec les événements de la fiction.
La focalisation neutre (ou zéro) est la plus fréquente dans les romans de jeunesse et en littérature générale. cependant, nombre de romans pour la jeunesse sont écrits à la première personne et imitent une voix enfantine. Le point de vue est alors totalement subjectif et très subtil (cf. Le petit Nicolas de Sempé et Goscinny).
Le repérage par les enfants de ces instances d’énonciation est souvent difficile ainsi que les effets de sens qui y sont liés.