Garcia-Debanc : chapitre 18, L’apprentissage continué de la lecture au cycle 3

Le savoir-lire au cycle3

Une conception renouvelée du lecteur accompli

Idéal assigné à la fin de l’école élémentaire : « Savoir lire, lire souvent, aimer lire » (conclusion de MLE). Le goût de lire doit être suscité et renforcé durant le temps scolaire et en marge de celui-ci. L’école peut et doit faire progresser les élèves dans leur construction d’un savoir-lire de plus en plus élaboré et de plus en plus efficace.

L’illettrisme (situation d’une personne qui, bien qu’ayant été scolarisée et alphabétisée, se révèle dans l’impossibilité de comprendre et d’exploiter un écrit simple en rapport avec la vie quotidienne) est l’un des facteurs déterminants de l’exclusion. Cela a modifié l’apprentissage continué de la lecture au cycle des approfondissements.

L’ancien modèle d’apprentissage de la lecture comportait trois étapes :

-         acquisition des mécanismes de la combinatoire pour pouvoir déchiffrer ;

-         accélérer le déchiffrement pour accéder à la lecture courante ;

-         lecture orale expressive.

Les compétences à construire en lecture au cycle 3

Connaître le fonctionnement des lieux et objets de lecture

Etre un lecteur polyvalent

Depuis un quart de siècle, l’école a admis puis promu le livre non scolaire qu’il soit documentaire ou de fiction comme les écrits de la vie quotidienne et surtout la presse.

Au cycle 3, les élèves apprennent à adapter leur lecture à la variété des types de textes pour aboutir à une attitude de lecteur autonome.

Perfectionner la maîtrise de la combinatoire

Les lectures donnant l’occasion de rencontrer des mots plus difficiles dans des contextes différents vont se multiplier afin de les reconnaître sans recourir au déchiffrement et de choisir la signification pertinente.

Comprendre des textes plus longs et plus difficiles

Les écarts entre les élèves sont très importants sur ce point mais aussi concernant la compréhension en lecture. Le cycle doit leur permettre d’améliorer ces compétences en travaillant les points suivants :

-         savoir saisir l’essentiel d’un texte ;

-         prélever des informations ponctuelles explicites ;

-         mettre en relation plusieurs informations explicites pour construire du sens ;

-         percevoir les enchaînements d’un écrit ;

-         manifester une compréhension « fine », être capable d’inférer.

Inférer signifie savoir induire une information qui n’est pas explicitement donnée dans le texte à travers des indices qui y figurent. Il faut donc faire appel à ses connaissances antérieures ou aux informations précédemment données dans le texte.

Recourir à des stratégies de lecture diversifiées

Lecture intégrale d’un texte narratif. Lecture sélective de textes informatifs. Lecture découverte. Lecture critique.

Lire des documentaires

C’est une situation courante de lecture. Cependant elle n’est pas facile en raison de la nature des ouvrages et du fait qu’elle requiert une activité particulière de la part du lecteur.

Spécificités des ouvrages de type documentaire

L’organisation du livre

Il est composé de différentes parties (sommaire, index, glossaire…) dont chacune possède sa propre logique et sa fonctionnalité. Chaque partie constitue un outil bien spécifique dont l’usage requiert des compétences particulières. De plus ces éléments entretiennent entre eux des relations d’interdépendance qui obligent le lecteur à rompre avec une lecture linéaire pour circuler dans l’ensemble de l’ouvrage.

La composition de la double-page

Elle est conçue pour permettre un parcours global du regard. Cependant, la présence conjointe d’éléments de nature différente la rend particulièrement dense et complexe.

Le terme générique d’image recouvre des réalités très diverses dont chacune possède ses règles propres : un dessin ne se « lit » pas comme une photo parce que le rapport instauré avec la chose représentée n’est pas le même. En outre, les images remplissent des fonctions diverses dans le document et entrent en relation avec les textes qu’elles accompagnent : fonction « décorative », fonction de « traduction » iconographique du texte, fonction informative quand elles apportent une information non donnée par le texte et, dans le cas des manuels scolaires, fonction de support à l’expression des élèves.

Les textes portent dans leur énonciation les marques de ces relations aux images. Ce sont les déictiques qui signalent ce qu’il y a à observer dans les images correspondantes.

La richesse de la double-page fait appel à la liberté et à l’esprit de décision du lecteur. Mais le lecteur doit d’abord se repérer dans l’organisation de cette double-page, identifier les éléments qui la constituent et comprendre les relations qui les unissent avant d’aborder la construction de sens proprement dite.

Le texte informatif-explicatif

Les textes rapportés sont parfois difficiles à comprendre parce qu’ils ont été produits pour un autre usage que celui qui en est fait dans l’ouvrage documentaire (texte littéraire dans un livre d’histoire par exemple).

Les textes informatifs se caractérisent par la densité de l’information qu’ils véhiculent. Ils obéissent à un ordre logique et leur nécessité d’apporter un maximum de connaissances entraîne une progression thématique particulière. Ainsi, plus le texte a une haute teneur informative, plus la partie correspondant au thème, qui se fonde sur la connaissance supposée partagée entre l’auteur et le lecteur et qui rappelle ce qu’il faut déjà savoir pour continuer, est longue. Cela peut dérouter le jeune lecteur qui trouve que le texte «n’avance pas ».

Les reformulations dissimulent généralement un savoir nouveau mais peuvent rendre difficile à suivre la progression thématique pour l’élève qui manque de connaissances sur le sujet concerné ou d’habileté en lecture.

L’activité du lecteur de documentaires

Il doit varier en permanence les modalités de sa lecture

C’est au lecteur qu’incombe la responsabilité se son parcours de lecture. Et pour cela, il doit varier ne permanence les modalités de sa lecture : feuilletage rapide, identification visuelle très globale, lecture exploratoire, lecture sélective, lecture attentive d’un extrait.

Il doit adapter la lecture à son projet

Le lecteur de textes documentaires doit garder à l’esprit les raisons et les finalités de sa recherche. Cela suppose qu’il dispose de toute une palette de stratégies. La difficulté est de ne pas se perdre au cours de sa recherche, de ne pas se laisser distraire au moment de l’exécution de la tâche et de ne pas en oublier la finalité. Il doit donc avoir suffisamment intériorisé son projet et ses objectifs pour choisir les documents dont il a besoin et pour les utiliser en fonction de buts bien précis.

La lecture de documentaire touche beaucoup aux compétences méthodologiques de traitement de l’information et requiert des savoir-faire nombreux. Rechercher une information c’est en effet être capable de savoir consulter et utiliser des outils culturels extrêmement variés, ayant chacun leur fonctionnement propre.