L’acte de lecture comprend 3 variables

 

On est obligé de tenir compte de ces trois facteurs.

1.             Le lecteur utilise une mise en œuvre qui lui est propre pour apprendre à lire, ou pour lire. Il a ses propres structures mentales.

 

2.             Le contexte est ce qui rend la lecture différente des autres : pourquoi ? quand ? où ? qu’est-ce que je sais sur cette lecture ? Le texte que je lis est particulier : selon que je lis un courrier, ou la consigne d’un devoir, une recette de cuisine ou un rapport, mon affect ne sera pas le même, face à la lecture.

 

3.             Le texte lui même a une forme particulière, une mise en page spécifique. Il est une intention de l’auteur.

 

 

Les différents modèles de compréhension : les processus utilisés devant le texte.

 

1.             Modèle ascendant : le lecteur commence par voir la lettre, et remonte jusqu’au mot, à la phrase, au paragraphe puis au texte. Dans cette logique, la compréhension se fait au moment où le mot est compris : on déchiffre, on prononce et on comprend.

Grandes figures de cet avis : Bentolila ; les linguistes. (Modèle soutenu par Fijalkow)

 

2.             Modèle descendant : Le lecteur va avoir presque toutes les infos par le péri-texte (illustrations, mise en page, type de texte, reconnaissance de mots-clé). Il descend du texte dans son ensemble jusqu’au mot et si nécessaire la lettre. Dans cette optique, lire c’est seulement comprendre, ça ne passe pas par une oralisation.

Grandes figures de cet avis : Foucambert, E. Charmeux.

 

3.       Modèle interactif : mêle les deux premiers.

Grandes figures de cet avis E. Charmeux, Giasson.

Les trois grandes familles de méthodes de lecture

 

A.  Méthodes axées sur l’apprentissage du code (selon le modèle ascendant):

 

Ce que l’on reproche souvent à ces méthodes, c’est de travailler avec des manuels qui ne sont pas attrayants pour l’enfant d’une part, mai qui en plus (et surtout) ne proposent pas de vraies situations de lecture : textes artificiels, crées pour l’étude d’un son, histoires anecdotiques et sans continuité, pas de paragraphes, et même parfois pas de majuscule et de ponctuation.

On les reconnaît car il y a combinatoire : combinaisons de sons pour faire des syllabes, combinaisons de syllabes pour faire des mots.

 

1.     méthodes synthétiques

1)      La méthode syllabique, ou alphabétique pure

Traditionnelle, cette méthode est aussi ancienne que l’alphabet. Elle privilégie l’entrée dans la lecture par l’étude du signe oral ou écrit en allant du simple au complexe (la lettre, le son, la syllabe, le mot...).

2)      La méthode phonologique

Les lettres sont appelées par leur son « be », « pe ». Cette méthode annonce les sons étudiées grâce à l’API.

 

2.     méthodes analytiques

1)      la méthode globale :

Part de mots connus implicitement : jours de la semaine, prénoms des enfants, affichage de la classe… Ces mots sont décomposés pour voir comment ils fonctionnent puis sont recomposés selon le modèle ascendant.

2)      La méthode naturelle (Freinet) :

Le départ se fait avec des textes produits par les enfants en dictée à l’adulte.

3)      La méthode mixte ou semi-globale :

On part de mots appris globalement ( photographiés ) au début de l’année, pour aller plus vite au démarrage. Puis c’est un système phonétique qui prend le relais.

Depuis une quinzaine d’années, c’est la plus répandue, tant par le nombre d’ouvrages édités que par celui des enseignants l’ayant adoptée.

On propose à l’enfant, au début de son apprentissage, un ensemble de mots et de phrases qu’il apprend par cœur. Selon les supports choisis, cette première phase, globale, dure de quinze jours à trois mois. Elle est suivie d’une phase synthétique avec un apprentissage traditionnel de la lettre et du son. Il y autant de méthodes « mixtes » que d’enseignants les utilisant et il n’est pas toujours aisé d’identifier précisément la démarche choisie.

 

B.   Méthodes axées sur la construction de sens

Ce sont les méthode idéo-visuelles. Elles cherchent à mettre en relations les choses connues par l’élève et celles qu’il perçoit.

E. Charmeux qui était il y a quelques temps pour cette façon de voir les choses, s’est par la suite rendu compte qu’il y avait dans l’écrit tellement de récurrences qu’on pouvait très difficilement faire l’économie de l’apprentissage du code.

80% de ce que l’on écrit et lit repose sur le code alphabétique (étude de N Catach).

 

C.   Méthode interactive

Cette méthode combine l’apprentissage du code et la construction de sens.
L’élève doit savoir ce qu’il lit comment il le lit, dans quel but il le lit (un traité de philo ne se lit pas comme une notice de médicament). Mais lire est aussi un savoir faire : on en apprend la technique, puis on pratique intensément, puis c’est automatique.

Cette méthode repose en général sur la lecture d’albums (de vrais livres, avec de vrais auteurs et de vrais textes), que l’on travail sur un cahier de lecture à part.

 

 

Certains ouvrages ont plus que d’autres marqué leur temps : je vous propose d’essayer de définir à quel modèle et quel méthode ils se rattachent.

1913

  • La Méthode Boscher ou la journée des Tout Petits, Belin.

1951

  • Rémi et Colette, Magnard.

1955

  • Le Livre que j’aime.
  • Nounourse et ses amis (méthode phonétique).

1964

  • Daniel et Valérie, Nathan.

1966

  • La Clé des mots (méthode basée sur le gestuel), Nathan.

1972

  • Le Nouveau Sablier (méthode phonologique qui nous vient du Canada), Hatier.

1977

  • Au fil des mots, Nathan.
  • Chantepages ,Bordas.
  • Corinne, Jérôme et Jules, Nathan.

1980 / 1990

  • Ratus, Hatier.
  • lecture en fête, Hachette.
  • Objectif lire, Hachette.

 

 

 

Et que disent les I.O ?

 

 

Combien de temps doit durer l’apprentissage ?

Les Instructions Officielles de l’Éducation Nationale recommandent d’étaler l’apprentissage sur les trois années du cycle 2 : activités de préparation à la en Grande Section, apprentissage systématique en CP et en CE. L’objectif ambitieux étant « de conduire chacun à vouloir lire, à savoir lire, mais aussi à aimer lire ».

Chaque enfant apprend à un rythme qui lui est propre. Tout en respectant ce rythme, il s’avère également nécessaire de fournir au jeune lecteur les moyens de progresser : exercices de lecture, activités motivantes à partir de la lecture … Dans ces conditions, il apprendra à lire en deux ou trois ans, et il y prendra plaisir.


Les textes imposent-ils, préconisent-ils ou bannissent-ils certaines méthodes ?

« Il n’ y a pas de méthode imposée d’ apprentissage de la lecture. Toute méthode peut être utilisée à condition que son efficacité soit démontrée et qu’elle réponde aux besoins et aux possibilités des élèves. Il est de la responsabilité de chaque enseignant de déterminer les pratiques et les démarches pédagogiques les plus appropriées. »

Programmes de l’école primaire, CNDP 1995, p.45.

Dans les nouveaux programmes les méthodes idéo-visuelles ne sont pas conseillées.

« La plupart des méthodes de lecture proposent aujourd’hui des programmes de travail équilibrés. L’appui sur un manuel scolaire de qualité se révèle un gage de succès important dans cet enseignement délicat. »

Qu’apprend-on à l’école élémentaire ? CNDP 2002, p.72.

Que disent les textes concernant les supports de ces méthodes ?

« Le maître utilise des supports variés :

Programmes de l’école primaire, CNDP 1995, p.45.

 

Toutefois, il ne s’agit là que d’un éventail des possibles et l’entière liberté est laissée à l’enseignant.

 

 

 

 

 

 

Apprendre à écrire et lire en même temps ?

 

Il est important que l’ apprentissage de la lecture et de l’écriture se fassent simultanément afin de faciliter la copie des textes par l’enfant mais aussi de prévenir d’éventuels problèmes d’orthographe qui pourraient venir de gestes mal maîtrisés retardant le rythme de l’écrit.

Par ailleurs, cette démarche place l’enfant qui apprend à lire dans la situation de « producteur d’écrit » : le fait de pouvoir être lu par d’autres personnes le mettra en confiance.

 

 

Questions :

Quelle est la différence entre analphabétisme et illettrisme ?

L’analphabétisme n’existe quasiment plus en France. L’enfant analphabète est incapable d’associer des syllabes pour en faire des sons, puis des mots. Dans les cas d’illettrisme, l’enfant a plus ou moins appris à maîtriser le code (l’ensemble des règles de la lecture ). Mais pour de multiples raisons, il a désappris à lire : il n’arrive plus à comprendre ni à transcrire un message. En France, le taux d’illettrés devient alarmant.

 

Qu’est-ce que la dyslexie ?

«Trouble de la capacité de lire ou difficulté à reconnaître et à reproduire le langage écrit », selon Le Robert, la dyslexie est connue depuis longtemps mais elle est moins fréquente qu’on le croit. Son dépistage se fait en milieu scolaire. Le cas échéant, vous serez guidé vers un psychologue et un orthophoniste.

Lire le fascicule Lire au CP