Les hommes de la préhistoire : une très lente évolution vers le néolithique et l’âge des métaux

Problématique: La préhistoire s’étend sur notre territoire sur près de 450 000 ans, soit 4500 siècles ! C’est en grande partie l’histoire de l’homme prédateur. L’homme producteur apparaît dans l’Hexagone au milieu du IV° millénaire avant JC, grâce à des influences venues du Proche-Orient par la Méditerranée et le Danube. En quoi la " révolution néolithique " a-t-elle déterminé des structures fondamentales dans l’organisation des sociétés ?

I) Un très long paléolithique : l'invention de l'homme

La préhistoire s'intéresse à la vie des hommes depuis l'apparition de leurs plus anciens ancêtres (gorilles et chimpanzés) jusqu'à la découverte de l'écriture.

A) De Lucy à l'homme de Tautavel

Lucy est un hominidé (mâle/femelle ?, déjà bipède), un Australopithèque trouvé en Afrique orientale, foyer de dispersion de l'hominisation, et daté de - 3 millions d'années.

L'Homo habilis (homme adroit, habile) est le premier représentant de l'espèce humaine : station debout encore assez courbée ; 1,20m, une capacité crânienne double de celle des Australopithèques, des dents proches de celles des hommes. Il sait produire des outils (le ler, trouvé en Ethiopie, daté de - 2,3 M ans : un chopper, couperet biface façonné à partir de galets aménagés).

Rien ne prouve que l'Homo erectus descende de l'homo habilis. Trouvé surtout en Eurasie. 1,5 m et capacité crânienne de 850 à 1200 cm3. Il fabrique des outils élaborés : des bifaces et des hachereaux. C'est l'homme le plus ancien en Europe. Ex : l'homme de Tautavel (son crâne), trouvé en 1971 dans la "Caune" de l'Arago, près de Perpignan, et daté d'environ -450 000.

Ces petits groupes d'une vingtaine d'individus nomadisent, tenant compte des allées et venues du gibier. Leur civilisation marque toute l'Europe, avec la maîtrise du feu, il y a peut-être 500 000 ans (attestée à Terra Amata, près de Nice vers - 380 000), et la découverte de la chasse (- 300 000) qui complète la cueillette. Avec de simples pieux, ils s'attaquent à des loups, des bisons, des mouflons, des rennes. Toutefois, les hommes de Tautavel n'avaient pas encore domestiqué le feu.

Vers - 130 000, apparition de l'homme de Néandertal, type d'homo sapiens archaïque. Il pratique parfois le culte des morts, avec les premières sépultures, souvent avec des offrandes : outils, animaux, fleurs. Peut-être aussi invention du chant, en tout cas d'une forme de communication. Capacité crânienne de 1100 cm3, et parfois équivalente à la nôtre. Sa lignée est progressivement remplacée par notre ancêtre direct, un immigré venu du Proche-Orient...

B) L'invention de l'art : le paléolithique supérieur

- 35 000 : notre ancêtre direct, l'homo sapiens sapiens (Cro-Magnon) (lm80, 1400 cm3, un cerveau qui vaut le nôtre) met au point une véritable industrie osseuse (harpons, pointes de sagaie, aiguilles à chas) et de nouvelles techniques de taille de la pierre (débitage en série de lames de silex). Son adaptation au milieu se manifeste par choix du gibier (renne dans l'ouest européen - Pincevent -, mammouth dans la plaine russe) et type d'habitat (huttes, campements saisonniers dans l'ouest - tentes de peaux de rennes à Pincevent -, cabanes consolidées en os de mammouth en Russie).

Caractéristique majeure de cette époque : l'art. "Vénus", petites statuettes féminines en ivoire ; peinture pariétales dans le sud-ouest de la France (Lascaux, Niaux) à une époque magdalénienne où le bassin parisien est parcouru par grands troupeaux de bœufs, bisons, rennes, chevaux sauvages. Ces formes artistiques, les premières en Occident, pourraient revêtir une signification "chamanique" et religieuse.

Cet art décline avec les débuts du mésolithique, marqué par un progressif réchauffement du climat (- 10 000 à -8000) : modification de la végétation (développement du bouleau et des feuillus, du pin) et de la faune. Certaines espèces disparaissent (mammouths, rhinocéros laineux). D'autres, comme le renne, remontent vers le nord.

II) La Révolution néolithique : l’homme producteur

A) Des influences proches-orientales

Les régions du Proche-Orient (Mésopotamie, Palestine, Syrie ... ) fournissent les + anciens éléments de néolithisation : céréales (blé, orge, millet) et espèces domestiques (moutons et chèvres) qui n'existaient pas en Europe.

Le néolithique se répand dans le finistère de l'Europe par deux voies : * un cabotage en Méditerranée occidentale ; * une diffusion le long du Danube et du Rhin, puis dans le bassin parisien.

Les pratiques agricoles, la céramique, l'habitat sont caractéristiques, tout comme statuettes féminines sans doute liées à culte de la fécondité et invention du mégalithisme, lui-même lié aux cultes astronomiques essentiels aux rythmes agraires. (Ces " grandes pierres " ont été édifiées surtout entre 4500 (Carnac) et 2500 avt JC, soit bien avant les aventures d’Obélix le Gaulois ! Les dolmens sont des chambres mortuaires. Quant aux menhirs… ?)

B) Agriculture et élevage : la maîtrise des surplus et les hiérarchies sociales

D'une façon générale, la production céréales ----- > conséquences sociales. Le stockage des céréales (amphores/greniers) permet pour la première fois accumulation des richesses (qu'on peut compter : apparition du calcul et de l'écriture, à Sumer 3300 ans avt JC) et concentration du pouvoir dans les premières cités-Etats.

Possibilité partage du travail et diversité des métiers comme celle des fonctions sociales.

Hiérarchies sacrées des prêtres / hiérarchie politico-militaire des rois et des guerriers se constituent.

C) L’âge des métaux : des progrès pour l'agriculture et la guerre

Le chalcolithique (- 2200) et l'âge du bronze (-1800) marquent l'apparition de sociétés nouvelles (Seine-Oise-Mame). Les sociétés se hiérarchisent de plus en plus. Témoin : la richesse de certaines sépultures, individuelles, avec bijoux, colliers (tombes à tumulus, à tertres, des chefs).

Ces chefs arbitrent des tensions croissantes entre les classes de la société, où grandit influence des artisans, des forgerons, des commerçants (minerai/métaux/ambre/sel), où l'occupation des terres devient plus dense, avec amélioration des techniques agricoles (lères faucilles en bronze ; invention de la roue et de l'araire, au chalcolithique).

Mais c'est grâce à la technologie du fer que s'affirment puissance et richesse des princes celtes, à partir VIII° avt J.C.