Géographie au cycle III

 

 

Introduction

 

« Rien, dans la géographie, ne commande la politique, et on aurait tort de croire le contraire ». R Brunet

La géographie n’est pas non plus une simple liste de lieux, d’altitudes ou de productions…

 

C’est la science de l’espace. Faire de la géographie, c’est situer, en premier lieu. Puis, c ‘est se demander pourquoi cette situation, en se référant à des notions telles que réseau, maillage, système, etc.…

 

« Ayant affaire à des phénomènes complexes de nature sociale, de surcroît en interaction fréquente avec des phénomènes naturels, elle est attentive à la « pensée de la complexité ». Ayant affaire à des actions humaines, elle s’intéresse aux représentations, aux mythes, aux signes qui guident, contraignent ou motivent ces actions ».  R Brunet

 

 

 

 

Notion de cadrage :

 

Il faut fournir une base de réflexion aux élèves, ce qui est une sorte d’étalon. Connaître sa région, son pays, va lui donner en effet une référence pour pouvoir prendre conscience, par comparaison, de la spécificité de chaque lieu : plus grand/petit, plus chaud/froid, plus au nord/au sud, plus peuplé…

Ainsi l’élève pourra dire : « c’est comme » ou « c’est différent ». Il saura se rendre compte que certaines choses qui pour nous sont évidentes, peuvent être assez exceptionnelles à l’échelle du monde (CF nos quatre saisons). Il faut donc cadrer le travail en donnant des références, mais aussi en relativisant ces références, par le changement d’échelle, l’étude de statistiques, de textes…

 

 

 

 

Rôle du professeur :

 

·        Il garantit la validité de ce qu’il enseigne. Il réactualise les données des manuels qui ne sont plus à jour :

-     Géographie agricole

-         Géographie industrielle

-         Evolution des transports

-         Répartition de la population ou mouvements migratoires

-        

 

Comme on ne peut pas changer de manuel chaque jour, on se doit d’adapter son enseignement à une réalité toujours valide, et non pas déjà historique, parce que ce n’est plus ainsi aujourd’hui.

 

·        Il s’adapte aux limites de raisonnement des enfants. Il veille à ne pas faire de bonds trop importants, il sait guider les observations des élèves en les centrant par des questions ciblées sur des points importants ( lecture de cartes ou de photographie).

 

·        Il construit des progressions.

 

·        Il évalue.

 

 

 

 

A.                     Les apprentissages spécifiques de la géographie :

 

 

I.      Lecture de paysages :

 

·        Un paysage est subjectif. Avant de le lire, on le voit. Il passe donc par le filtre de notre personnalité. On en a une première impression qui risque d’influencer notre observation.

     Un paysage, c’est une zone rurale, montagnarde, littorale, mais aussi urbaine ( zone résidentielle, industrielle, portuaire…).

 

·        Une fois que les enfants ont compris ce qu’est un paysage, ils peuvent classer les éléments qui le constituent : naturel ou résultat du travail humain. Les éléments qui résultent du travail humain peuvent aussi être par leur fonction : production, habitat, loisir… Ils sont liés à la topographie, à la géologie, au climat, à la disponibilité en surface planes.

On voit donc que tous les classements peuvent poser problème. C’est ce qui justement fait entrer dans le raisonnement géographique.

 

·        Déterminer et nomme des catégories permet de découvrir le vocabulaire de la description. L’observation doit porter sur des catégories, des unités paysagères ( forêt, zone de champs, banlieue pavillonnaire) plutôt que sur les plans de la photo qui sont eux le résultat de la subjectivité de l’auteur du paysage.

Pour nommer les différentes catégories, il est intéressant de faire classer aux élèves des photographies.

 

·        L’élève devra ensuite apprendre à interpréter les paysages, en émettant des hypothèses, seul ou à l’aide de l’enseignant. Les réponses ne pourront pas toutes être données. Les hypothèses peuvent se faire dans deux directions : le temps (on cherche comment l’espace a pu se constituer) ou l’espace (on cherche à définir les rapports du paysage avec son invisible contexte.

 

 

·        Paysage et interdisciplinarité :

ü     Des interprétations variées : selon que l’on est climatologue, géologue, botaniste, écrivain, peintre ingénieur ou agriculteur, on ne verra pas la même chose d’un paysage provençal.

ü     Les questions du géographe :

1.      Spécificité de l’espace visible (ouvert/ fermé, pentu/plat, humanisé ou pas, avec ou sans lignes directrices) : où, pourquoi ici et pas ailleurs ?, pourquoi cette agriculture ? Pourquoi ces touristes ?

2.      On peut faire des hypothèses, mais pour en valider certaines on aura besoin de l’histoire (pourquoi cette implantation d’usine).

Comme on le voit, la spécificité géographique se nourrit de tous les autres points de vue.

 

Exemple de questions que peuvent  se poser les enfants devant un paysage. Elles peuvent aussi être des critères de classement.

 

1. Est-ce qu’on voit une petite, une grande portion d’espace ?

2. L’observateur est-il au niveau du sol, sur une colline, ou un « point de vue », en avion ?

3. Quelle couleur est le ciel ? Y a-t-il des nuages ?

4. A quelle heure, en quelle saison a été prise la photo ?

5. La photo a été prise parce que le paysage est beau ? Intéressant ? Original ? Pour montrer quelque chose ?

6. Le paysage est-il plutôt plat ? Avec de petites pentes ? De grandes pentes ?

7. Est-ce qu’il y a de l’eau ? Un fleuve ? Un lac naturel ? Artificiel ? Une mare ? Une rivière ? La mer ? Un    arrosage des cultures ? Une fontaine ? De la neige ? De la glace ?

8. La ligne d’horizon est-elle plutôt basse ? Plutôt haute ? Horizontale ? En dents de scie ?

9. Peut-on voir qu’il y a des habitants :

-          Parce qu’il y a des champs cultivés ?

-          Parce qu’il y a des routes ? Des voies ferrées ? Des lignes de transport d’électricité ?

-          Parce qu’il y a des maisons isolées ? Un village ? Un centre ville ? Une banlieue ? Des grandes surfaces ? Des usines ?

-          Un aéroport ? Un port ?

-          Des gens qui travaillent ?

-          Des machines agricoles ?

-          Des gens qui font du tourisme ?

-          Des gens qui font des achats ?

10. Est-ce qu’on peut voir :

-          Des forêts de feuillus ? De résineux ?

-          Des prairies avec des haies vives ?

-          Des champs petits/grands ? Réguliers/irréguliers ?

-          Des animaux ?

-          Des bâtiments pour élever des animaux ?

11. Est-ce que les maisons sont :

-          Serrées ? Eloignées les unes des autres ?

-          Anciennes ? Neuves ? Abandonnées ?

12. Est-ce que la photo porte un titre ?

13. Est-ce qu’on peut savoir dans quelle région elle a été prise ?

14. Est-ce qu’on peut dire que c’est plutôt la campagne ? Plutôt la ville ? Un peu les deux ?

·        La nécessité de sortir du cadre : On ne peut pas comprendre de paysage sans se poser la question des interactions avec ce qui est hors cadre, (sens d’écoulement de la rivière, proximité d’une grande ville, à qui vont les récoltes ?). Il faut aussi faire vérifier la date de la photo, et essayer de réfléchir à l’intention de l’auteur. Certaines images sont trompeuses et ne reflètent pas la réalité à laquelle elles appartiennent. Dans l’ordre du non-visible, on peut essayer d’imaginer les odeurs et les bruits qui peuplent tout le paysage.

 

 

 

      II.      Du paysage au croquis-schéma

 

·        Repérer les éléments significatifs

ü      Déterminer la caractéristique majeure. C’est une étape difficile pour les élèves, car ils distinguent mal le détail (souvent important à leurs yeux), de l’essentiel. Il vaudra parfois mieux, pour les croquis in vivo, de les faire travailler sur un « fonds de croquis » qu’ils n’auront qu’à compléter. Après avoir reconnu les éléments du paysage photographié, ils devront renseigner le croquis, et savoir simplifier les formes sans nuire à la réalité (ce qui est difficile pour des élèves : privilégier le pratique au détriment de l’esthétique.

ü      Mettre en relief certains éléments. Les élèves vont devoir faire apparaître des éléments sur leur schéma. Ils peuvent se contenter de souligner l’horizon, d’entourer un village, de renforcer le tracé d’une route. Il est plus intéressant, et techniquement aussi facile de faire ce travail sur un calque posé sur la photo. Le schéma sur calque permet ensuite de réfléchir à des structures que la photo, même renforcée de traits, noie sous l’abondance d’autres éléments. Sur calque on voit lus clairement le nœud de la circulation, la différence entre le village perché et les bâtiments plus récents du fond de la vallée, le quartier de centre-ville et les différentes banlieues sur une photo aérienne.

 

 

·        Renseigner le croquis schéma : il faut à la fois porter des indications qui peuvent parfois être redondantes avec le dessin, mais la plupart du temps l’éclairer, l’expliquer, et proposer une légende. Il faut donner le nord, si c’est possible, et donner une échelle, même approximative.

 

 

·        Comparer, généraliser :

ü      Comparer : la comparaison de schémas est plus facile que celle de paysages. On est sûr qu’elle ne portera que sur l’essentiel. Si ce genre de travail peut se faire en groupe, ou en cours dialogué, il faut que chaque élève ait ses deux ou trois schémas et un temps de réflexion individuelle.

ü      Schématiser : ce que l’on schématise dépend de ce que l’on veut montrer : ex. atouts et contraintes, limites entre centre et périphérie… Il faut que la comparaison ne soit ni trop facile ni trop difficile. On peut comparer deux quartiers (ancien et récent) d’une même ville, un ciel breton et un ciel méditerranéen, une usine ancienne et une usine high-tech…

Si la généralisation est tentante, elle peut conduire à des erreurs qui ne sont pas seulement factuelles. On peut limiter cela grâce à l’utilisation de plusieurs documents.

Cet apprentissage est difficile.

 

 

 

  III.      La carte, un outil indispensables mais à risques

 

 

·        Projections, sources d’inexactitudes : tous les types de projection déforment. Pourtant, il faut bien représenter la terre sur une surface plane. Plusieurs types de projections :

ü      Projections équivalentes (les superficies gardent les proportions avec la réalité)

ü      Projections conformes (elles respectent les angles, au moins localement).

Les projections ne peuvent pas respecter les angles et les formes. Il arrive que certaines ne respectent ni les uns, ni les autres.

 

Mais les projections ne sont pas les seules sources d’inexactitude : pour faire une carte, il faut simplifier les contours, sélectionner et classer ce que l’on veut représenter. De plus on peut mélanger certaines données (pop à une date, et PIB/hab d’une autre date, par ex).

 

 

·        Des distorsions à des fins politiques.

 

 

·        Les cartes demeurent indispensables : même les plus jeunes élèves ont déjà vu des cartes et des plans (pour aller chez des amis, guide Michelin, plan de maison…).  On peut les leur faire classer. Il faut surtout veiller à leur faire comprendre l’utilité de la légende.

 

 

·        Orientation : elle est nécessaire si on veut que la carte permette de situer. Il faut faire attention à ce que les élèves ne confondent pas nord et haut, sud et bas… Pour cela on peut par exemple retourner une carte de France.

Il y a aussi les repères donnés par la longitude et la latitude. Si la latitude est facilement compréhensible pour les élèves (distance depuis l’Equateur, plus on s’éloigne plus il fait froid…), la longitude leur paraît totalement artificielle.

 

 

·        Echelle : après l’avoir orientée, il faut donner la surface plus ou moins grande que peut recouvrir la carte. Sur les cartes destinées aux enfants, l’échelle est le plus souvent graphique (un trait fait X Km en réalité). L’échelle arithmétique est difficile à utiliser, il faut faire des calculs.

Il est important que les élèves apprennent à changer d’échelle géographique, c’est à dire sachent passer d’un espace local aux espaces régionaux, nationaux… C’est ce qu’on appelle le raisonnement multiscalaire. Le travail multiscalaire permet de découvrir les réseaux et les systèmes.

On demandera donc avec intérêt aux enfants à quelle échelle géographique se situe la carte : y voit-on la région, le pays, l’Europe ?

 

·        Légende :  elle doit permettre le décryptage de la carte, que le titre (que l’on n'oubliera jamais d’étudier) a déjà amorcé.

Etudier une carte ne consiste pas uniquement à constater ce que le cartographe a voulu montrer, mais aussi à découvrir les moyens qu’il a utilisés.

 

·        Construire un croquis géographique

ü      Schématiser : on ne peut pas connaître une carte par cœur. Il faut la croquer. Il faut en cela apprendre à faire des représentations très simplifiées, faciles à mémoriser et à reproduire.

 Il s’agit d’exprimer à la fois une réalité spatiale (montagne, ville, élevage), et le point de vue qu’on a sur cette réalité. Le géographe n’est pas plus objectif que l’historien.

On peut donc introduire la France schématiser en hexagone, lorsque ce que l’on veut représenter les permet.

 

ü      Nommer et interpréter : il faut donner un titre aux croquis. Une même carte, avec un titre différent, sera interprétée différemment.

Il faut que l’élève réussisse à se mettre en position de lecteur de carte pour penser à donner toues les informations nécessaires : titre, échelle, légende.

 

·        Représenter :

ü      Pour les surfaces on peut utiliser les couleurs, en privilégiant celles qui font l’objet d’un consensus. On évite les hachures, on peut utiliser des points. Si on laisse une partie blanche, il faut donner sa signification dans la légende.

ü      Pour les flux, on pourra faire remarquer qu’ils sont rarement à sens unique. On peut élargir les traits les plus importants.

ü      Pour les villes, on respectera une relative proportionnalité avec la réalité, plus facilement avec des points qu’avec des carrés.

 

 

·        Nommer : la toponymie doit être en majuscules d’imprimerie ou en script, et horizontale. Il faut apprendre à écrire petit.

 

 

·        Deux écueils à éviter :

ü      La recherche de la carte parfaite.

ü      La carte n’est pas un exercice lexical. Une carte est toujours simple.

 

   IV.      La variété des documents

 

 

·        Les supports iconographiques

ü      Photos et cartes postales : En plus de celles des manuels, le prof peut utiliser des photos de magazines, ou du commerce. On peut les regrouper selon la classification du programme, en n’omettant pas de signaler la date.

On peut faire participer les élèves à la récolte d’images.

ü      Supports audiovisuels

On peut les classer et les stocker, et on privilégiera les séquences de courts ou longs métrages, les documentaires filmés plutôt que les diapositives, rapidement ennuyeuses.

Par exemple, on enregistrera deux ou trois bulletins météo, à des saisons caractéristiques pour que ce soit plus parlant pour les élèves.

On peut aussi acheter des photos aériennes de l’univers quotidien de l’école.

Mais il ne faut pas oublier que l’image se suffit rarement, et qu’il bon de s’exprimer à son propos. C’est une bonne façon de ne pas ignorer les élèves plutôt auditifs, d’utiliser et d’enrichir le vocabulaire, de perfectionner les techniques de description, ou celles du débat si chacun a une opinion à exprimer.

 

 

·        La presse écrite :  On a vu l’usage qui peut en être fait pour recueillir une documentation iconographique. Mais c’est aussi un indispensable outil d’actualisation. Un journal, qu’il soit régional ou national, quotidien, donne des infos immédiates ou presque. On y donne les recensements, les infos humaines qui vont modifier les données géographiques (ouverture d’usine, création de barrage, replantation de forêt haute fréquentation de lieu touristique…).

On peut toujours faire participer les enfants à la collecte de documentation, en faisant des groupes auxquels on donne un thème pour un mois, par exemple. Les références (« une », édito, article de , dépêche d’agence…) seront notées avec soin. Il est nécessaire de confronter plusieurs articles sur le même thème pour que les élèves se rendent compte que l’objectivité des sources est bien difficile à vérifier.

 

 

·        Les documents mathématiques : La géométrie et les statistiques sont indispensables à la géographie. Il faut cependant se rappeler qu’il ne s’agit que d’outils, dont il faut que les élèves apprennent à se servir et mesurent les limites.

 

 

·        Les statistiques : L’impression de fiabilité donnée par les chiffres est souvent trompeuse sans que le lecteur ait la possibilité de débusquer les raisons des écarts.

Sur deux journaux, les données peuvent être significativement différentes.

ü      Les catégories statistiques

Les données sont regroupées dans des catégories spécifiques. Certains des découpages ainsi réalisés sont étonnants pour des enfants : pourquoi les chômeurs font-ils partie de la population active ? Ou obsolètes pour toute personne de bon sens : pourquoi persister dans le découpage en secteurs primaire, secondaire et tertiaires, alors que dans le secondaire il y a des professions qui relèvent du tertiaire (l’industrie et bâtiment embauchent des psychologues, comptables, secrétaires) ? Alors que le secteur tertiaire est un vaste fourre-tout qui agglutine toutes les formes de commerce, du petit épicier de quartier à la grande banque, en passant par la recherche et l’audiovisuel ?

Rappel :

o Secteur primaire : ensemble des activités économiques productrices de matières premières, notamment l’agriculture et les mines.

o Secteur secondaire : ensemble des activités correspondant à la transformation de matières premières en biens productifs ou en bien de consommation.

o Secteur tertiaire : ensemble des activités produisant des services tels que le commerce, les banques, l’hôtellerie, le secteur de la santé, etc.…

ü      Les moyennes

L’ambiguïté statistique est encore plus grande lorsqu’il s’agit de moyennes. Les moyennes en elles-mêmes sont beaucoup moins intéressantes que les écarts à la moyenne. Une même moyenne peut cacher des cas de figure très différents, qui n’ont pas du tout la même signification. Si un mois de janvier a une moyenne de 6°, cela peut vouloir dire qu’il a fait tous les jours 6°, mais aussi qu’il y a eu un jour à 6°, deux jours à 14°, deux à – 10°… Evidemment, les deux cas de figure n’ont pas du tout les mêmes conséquences pour la végétation.

Les données statistiques peuvent ne pas avoir de sens pour les enfants : qu’est-ce que 0,75 enfants par femme ? Les chiffres économiques peuvent être tellement grands qu’ils en perdent leur lien avec la réalité.

Il faut de plus rendre les élèves conscients que production, valeur et rang peuvent changer d’une année sur l’autre.

ü      Les graphiques

Les élèves doivent se rendre compte que toutes les formes de graphique ne se valent pas. Ils peuvent en construire eux-mêmes dans une séance de mathématiques qui sera commenté ensuite en géographie.

o Les graphiques ont le mérite de la précision et du concret. Ils ne tombent donc pas dans les défauts des moyennes. Par contre, les élèves auront du mal à les superposer pour les comparer et trouver les grandes caractéristiques d’un climat.

o Le diagramme ombrothermique est un des plus efficaces pour révéler certaines spécificités du climat.

o La « pyramide des âges » est d’un usage bien plus difficile. Elle demande de remonter dans le temps, une lecture en creux qui rend compte rétrospectivement des évènements historiques. C’est inaccessible à un élève de cycle III.

o Il peut être bien plus éclairant d’utiliser une représentation plus simple, par exemple de comparer les proportions de moins de 25 ans et de plus de 60 de plusieurs régions.  On peut alors fournir des graphiques en barres et de demander aux élèves de les comparer. Un tel graphique ne permet, par contre, aucune explication.

o Les diagrammes à secteur, de type camembert, ne sont utiles que si les portions en sont peu nombreuses et correspondent à peu près à des fractions simples.

 

Dans tous les cas, on pourra faire découvrir aux élèves que les choix de seuils ou d’échelles modifient l’impression donnée au lecteur. De même, la chronologie placée en abscisse influence notre vision des évolutions suivant la date de début, et l’échelle du temps choisie, ainsi que le choix des couleurs.

Il faut également montrer aux élèves que les prévisions qui pourraient être faite en se fiant à l’apparence de la courbe sont souvent trompeuses.

 

 

·        Récits : La description d’un paysage ou d’un mode de vie peut très bien s’appuyer sur des textes dont l’étude peut être pluridisciplinaire.

On trouvera de nombreuses descriptions de paysages ruraux et urbains dans la littérature enfantine, dans la presse et dans les publicités touristiques. Il faudra alors situer l’auteur, ses intentions, l’endroit du récit, la date de la description …

 

 

·        Témoignages : Leur mises en perspective et l’analyse critique est plus facile quand il s’agit de textes écrits dont les auteurs sont connus, ou les intentions claires.

Le témoignage oral d’élève est plus périlleux : il est difficile de limiter l’expression à la stricte dimension géographique. L’élève aura forcément envie de parler de son cousin avec qui il était, ou de la piscine ou il allait  tous les jours … Aimer ou ne pas aimer une région renvoie de plus à une subjectivité évidente.

Si l’interviewé est un adulte invité, les élèves auront préparé les questions qu’ils désirent lui poser.

                       

 

·        Enquêtes : C’est un travail long, difficile et souvent décevant. Il faut déterminer exactement ce que l’on recherche, et rédiger des questions précises qui ne demandent que deux ou trois mots de réponse, et qui reposent sur des faits plutôt que sur des opinions.

La mise au point des questionnaires d’enquête peut faire l’objet d’une leçon d’éducation civique. On y parlera de questions ouvertes et de questions fermées.

Une enquête doit toujours s’entourer de précautions pour éviter tout dérapage : autorisation de l’interviewé, présence d’un adulte, communication promise des résultats sont indispensables. La préparation en classe doit inclure l’obligation de respect de politesse, et l’exigence de rester dans le cadre des questions préparées.

Comme on le voit, les élèves en apprendront davantage sur l’intérêt et les risques d’une enquête que sur le fond de la question.

 

 

·        Arts plastiques et cinéma : Les arts plastiques sont une remarquable source documentaire, d’ailleurs utilisée dans certains manuels de façon très judicieuse. Les paysages ruraux abondent et peuvent témoigner à la fois de la permanence des structures physiques (géologie et climat) et des modifications de l’usage qui en est fait.

On fera ainsi découvrir certains peintres qui ont montré une région, mais on n’oubliera pas les grands photographes. Le cinéma, quand il s’inscrit ouvertement dans un décor régional, peut fournir des séquences infiniment plus démonstratives qu’une série de diapositives.

Il est utile de montrer ainsi à plusieurs reprises dans l’année que la géographie ne s’arrête pas aux manuels et aux cartes murales.

 

 

·        La carte murale : C’est la synthèse, souvent déjà ancienne, d’un certain nombre de données. Elle est utile parce qu’elle permet des localisations visibles, et facilite la mémorisation par imprégnation des grands traits de la géographie française, ou de la position des continents.

 

 

·        Les représentations : Un outil récemment découvert et rapidement devenu indispensable. On sait que nous avons tous, et à peu près sur tout, des conceptions aux origines complexes, et associant souvent le vrai et le faux. On sait aussi que si les conceptions n’ont pas l’occasion d’être exprimées et débattues, elles empêchent toute acquisition scientifique sérieuse.

De nombreux chapitres de géographie nécessitent de débusquer ces représentations. On pourra ensuite soit s’appuyer sur elles, soit mettre en place des moyens pour qu’elles disparaissent au profit de connaissances et de méthodes scientifiques.

Il n’est pas question de dire à l’élève : « Tu as tort, les pays où il fait chaud ne sont pas tous des pays pauvres », ou « Non, il ne tombe que très peu de neige au Pôle »… Il faut amener à modifier tout ou partie des conceptions erronées, par le conflit socio-cognitif (tout le monde n’est pas de cet avis) et le travail sur document.

 

Enfin, il n’est pas interdit d’utiliser la forme la plus ancienne et la forme la plus récente de documentation. Le professeur peut très bien raconter la géographie, telle qu’il l’apprise dans les livres ou sur le terrain. Il peut aussi proposer à ses élèves des recherches sur les sites Internet « touristiques » ou universitaires.