Discours
de Jack Lang - 29 janvier 2001
L'application du plan "Langues vivantes à l'école primaire"
Ma volonté est de revisiter l’ensemble du système et de centrer d’abord les
transformations sur l’amélioration de l’école première. C’est là que le destin
de nombreux enfants se joue. C’est là que se décident leur réussite ou leurs
difficultés futures.
Le plan
pour l’Ecole vise à la fois à assurer une totale maîtrise des apprentissages
fondamentaux et à mieux armer les enfants pour affronter le futur.
Une
politique proclamée n’est que le premier acte d’un changement. Le plus exigeant
et le plus difficile, c’est sa stricte application sur le terrain. D’où ma
détermination à veiller scrupuleusement jour après jour à l’inscription de ces
changements dans la réalité.
Dans ce
but, je me suis engagé à mobiliser l’ensemble des maîtres, à apporter les
moyens d’application en personnels et en crédits pédagogiques.
Dans le
même esprit, j’ai entrepris un tour de France des académies. J’ai rencontré
l’ensemble des inspecteurs de l’éducation nationale chargés d’une
circonscription du premier degré qui assurent la liaison avec les maîtres des
écoles, c’est-à-dire près de 1500 personnes.
C’est la
même volonté qui me conduit à organiser sur les différents thèmes de ces réformes
des séminaires nationaux qui permettent chaque fois de dresser un premier
bilan, d’analyser les lumières et les ombres, de prendre des mesures
d’application complémentaires afin d’assurer une pleine réussite.
Sur
chacun des points de la réforme (la maîtrise de la langue nationale, la
généralisation des expérimentations scientifiques, l’éveil artistique et
sensible, l’apprentissage de la vie en société, la généralisation des
technologies de l’information et de la communication, …) des réunions de ce
type auront lieu tout au long de l’année. En particulier aura lieu en avril
prochain un séminaire sur l’expression orale.
Ma
conviction n’est pas née aujourd’hui. Militant de la rénovation de
l’enseignement des langues et de la diversité linguistique, je souhaite depuis
longtemps de réels changements dans notre système d’éducation.
Ainsi,
parmi les initiatives antérieures que j’ai eu l’occasion de prendre, qu’on me
permette de citer :
- la
création des sections et des classes européennes en 1992,
- l’introduction
cette même année des modules pour la première langue vivante en classe de
seconde,
- ou
encore l’organisation en 1997, par la commission des Affaires étrangères dont
j’étais le Président, de toute une série de manifestations de sensibilisation
sur le multilinguisme avec la participation de Claude Hagège, Professeur au
Collège de France, et de Jean-Marie Bressand, Président du Monde bilingue.
Pourquoi
cet engagement obstiné en faveur de l’apprentissage dès le plus jeune âge de
deux langues vivantes ?
Je
donnerai deux raisons :
-
L’oreille musicale de l’enfant. C’est un gâchis et une aberration, alors que
l’enfant a un oreille musicale qui est à son zénith au plus jeune âge, de ne
pas lui permettre de s’approprier une ou deux langues en plus de la langue
nationale. L’expérience de plus petits pays que le nôtre, comme le Luxembourg,
montre que cela est non seulement possible mais heureux.
- Une
deuxième raison est la préservation de notre langue nationale dans une Europe
plurilingue. En France même, l’expérience montre que plus un enfant a la chance
d’apprendre de langues, plus il les maîtrise. L’apprentissage d’une langue
vivante, non seulement ne nuit pas à la maîtrise du français, mais contribue au
contraire à aiguiser la capacité de l’enfant à voyager à l’intérieur de la
langue nationale et à en mieux comprendre la singularité et les similitudes
avec les autres langues. Ce plan pour deux langues vivantes permet en même
temps à notre pays de réclamer avec une plus grande chance de succès que notre
langue ait une meilleure place dans l’enseignement des autres pays. Favoriser
l’apprentissage d’une langue vivante dès le plus jeune âge, c’est aussi une
manière efficace de servir l’avenir de notre langue à l’extérieur.
Dans cet
esprit, j’ai décidé d’organiser cet automne, pendant l’Année européenne des
langues, les Etats généraux du multilinguisme. Des personnalités du monde
entier seront invitées à soutenir un manifeste en faveur d’un apprentissage
diversifié de plusieurs langues vivantes.
Dès le mois
de juin 2000, j’ai annoncé une série de décisions pour l’introduction de
l’enseignement d’une langue vivante à l’école primaire :
- Un
plan de généralisation de l’enseignement des langues vivantes du CM2 à la
Grande section de maternelle d’ici à 2005 est mis en œuvre.
- La
continuité au collège de l’apprentissage de la langue apprise à l’école
primaire sera assurée.
- La
diversification des langues enseignées à l’école primaire est affirmée.
L’amélioration
indispensable des compétences en langues des élèves et des étudiants
nécessitera également des décisions sur cet enseignement en collège, au lycée
et à l’Université. Celles-ci seront rendues publiques dans quelques semaines.
D’ores
et déjà, j’ai pris des mesures importantes pour le second cycle des lycées :
-
offre de l’enseignement d’une seconde langue vivante en classe terminale de la
série scientifique,
-
augmentation de l’horaire de première langue vivante en série littéraire.
Je
souhaite que chacun comprenne que les dispositions prises pour cet enseignement
à l’école primaire sont une première étape essentielle d’un projet plus vaste
qui permettra effectivement à chacun de parvenir à une connaissance
satisfaisante de plusieurs langues vivantes étrangères.
Où en sommes-nous ?
Depuis
l’annonce de ces objectifs très ambitieux pour l’école primaire, une impulsion
très forte a été donnée sous la responsabilité du Directeur de l’enseignement
scolaire, Jean Paul de Gaudemar, et par toutes les directions du ministère pour
la mise en œuvre de ce plan.
Ainsi,
depuis la rentrée scolaire 2000, l’enseignement d’une langue vivante est
assurée dans 94% des CM2 du secteur public et 79% du secteur privé. L’écart
existant entre le secteur public et le secteur privé doit être analysé pour en
comprendre les causes.
Je
remercie tous les maîtres, les professeurs du second degré, tous les autres
intervenants qui, avec un grand engagement personnel et souvent avec
enthousiasme, ont permis une avancée très importante dans la prise en compte de
cette nouvelle mission de l’Ecole. Je sais également que la mise en place de
cet enseignement dans 53 352 classes n’aurait pas été possible sans la
mobilisation des inspecteurs d’académie et des inspecteurs de l’éducation
nationale.
Même si
ce nombre recouvre des situations très différentes, qui devront parfois être
améliorées, chacun mesurera l’effort très important qui a été accompli en peu
de temps.
Nous
devons et nous pouvons aller encore plus loin. Je suis convaincu que de
nombreux maîtres possédant une compétence suffisante dans une langue ne
participent pas encore à ce grand projet de l’Ecole. Je souhaite que vous
puissiez les convaincre de son importance et trouver avec eux les modalités les
plus efficaces et les mieux adaptées.
Les
décisions que je vais rendre publiques aujourd’hui ont pour finalités de
préciser les modalités de cet enseignement et de donner à l’Ecole les moyens
nécessaires pour la réussite de ce plan.
Ces
décisions s’appuient naturellement sur l’expérience déjà importante de l’école
primaire concernant les langues vivantes.
Sur
l’impulsion de Lionel Jospin, alors Ministre de l’Education nationale, une
première expérimentation à l’échelle nationale a été engagée en 1989.
Parallèlement,
le système éducatif français a acquis un savoir faire important grâce à
certains dispositifs particuliers, comme ceux mis en place dans le cadre des
sections internationales ou de l’enseignement bilingue pour les langues
régionales.
Une exigence de résultats
La
nouveauté de la réforme se traduit par une série de décisions :
- Les
langues vivantes deviennent une discipline de l’école primaire.
- La
cohérence sera assurée par la poursuite de cet enseignement en classe de
sixième.
- Les
compétences des élèves en langue vivante à l’entrée au collège seront évaluées.
J’ai
décidé de faire désormais des langues vivantes une discipline à part entière de l’école primaire.
Le
groupe d’experts en charge de la rédaction des programmes de l’enseignement
primaire, sous la direction de Philippe Joutard, remettra dans quelques
semaines ses propositions qui concerneront également les objectifs, les
contenus de l’enseignement des langues vivantes, ainsi que le volume horaire
nécessaire pour atteindre ces objectifs.
Ces
objectifs sont de deux ordres :
-
L’introduction des langues vivantes à l’école primaire sera mis à profit pour
aider les élèves dans la découverte des régularités du français, de la syntaxe
et de la morphologie de la langue. Les
langues vivantes contribueront de façon spécifique à la maîtrise de la langue
nationale et de la lecture.
- Les
programmes préciseront quelles sont les
compétences dans la langue ainsi que les connaissances sur les réalités
culturelles que les élèves doivent avoir acquises à la sortie du cycle 3.
Cette
discipline fera l’objet d’une évaluation régulière effectuée par les maîtres
dans la conduite de la classe. Elle s’inscrit dans une continuité qui permettra à chaque élève de poursuivre en classe de
sixième l’étude de la langue commencée à l’école primaire.
J’ai
donné à la Direction de l’enseignement scolaire (DESCO) et à la Direction de la
programmation et du développement (DPD) la mission d’organiser au niveau
national une évaluation du niveau de
compétence atteint par les élèves à la sortie de l’école élémentaire dans les
langues enseignées. Elle nous permettra d’observer l’évolution des
compétences effectives des élèves. Expérimentée dès 2001, elle sera généralisée
en 2004.
La
réussite du plan de généralisation des langues vivantes à l’école primaire ne
se mesure pas aux seules données quantitatives. Les aspects qualitatifs sont
primordiaux. Je confie à l’Inspection générale de l’Education nationale une mission de suivi de ce plan. En
relation constante avec la DESCO, avec l’aide des inspecteurs d’académie, des
inspecteurs de l’Education nationale et des IA-IPR de langue, les inspecteurs
généraux pourront réunir des observations dans les classes et faire
régulièrement des recommandations.
Le rythme de la généralisation
J’ai annoncé en juin que la généralisation de l’introduction dans cette
discipline s’effectuerait sur une période de 5 années scolaires, et ce plan
ambitieux est, comme on l’a vu, en cours de réalisation.
Après la
généralisation en 2000-2001 en CM2, nous assurerons la généralisation en CM1 à
la rentrée 2001. La rentrée scolaire 2002 marquera une nouvelle et importante
avancée. Début de la mise en œuvre des nouveaux programmes, ce sera l’année de la généralisation de cet enseignement
simultanément au début du cycle 3, en CE2, et au début du cycle 2, c’est-à-dire
en grande section de maternelle et au cours préparatoire.
Ainsi,
en 2005, arriveront en sixième les premiers élèves ayant bénéficié d’un cursus
complet en cycle 3 de l’école primaire sur la base des nouveaux programmes.
Il
s’agit d’un effort très important qui nécessite la mobilisation de tous.
Bien
évidemment, les objectifs d’enseignement fixés pour chacun de ces deux cycles
tiendront compte de la progressivité de la mise en place de cette discipline et
des possibilités réelles d’encadrement pédagogique, qui vont elles aussi
croître de façon importante. L’essentiel
est la recherche de la qualité de l’enseignement dispensé.
Pour
la Grande section de maternelle et les deux premières années de l’école
élémentaire, les maîtres accorderont en priorité une grande importance à des
objectifs spécifiques.
Il
s’agit :
- de
développer chez tous les élèves une attitude positive envers les autres modes
d’expression,
-
de créer chez eux l’envie d’acquérir une langue autre que leur langue
maternelle, de découvrir d’autres cultures et modes de vie et d’associer cet
apprentissage à la notion de plaisir,
-
d’entretenir leur capacité, naturelle à cet âge, à acquérir les sonorités et
schémas intonatifs de langues autres que la langue maternelle et la musique des
langues,
- de
valoriser les éventuelles compétences en langues d’élèves de la classe,
d’autres classes ou présentes dans l’environnement de l’école.
Les maîtres seront préparés à ce nouvel
enseignement dans le cadre de formation continue.
Ils disposeront de nombreux outils et
de matériaux pédagogiques. Des recommandations pour la conduite de cet enseignement
seront diffusés sur le site Internet
EDUSCOL. Des ouvrages et des produits multimédia offriront de nombreuses
ressources pour les séances de langue vivante dans ces classes.
Cet
enseignement portera sur les langues vivantes étrangères, mais les objectifs
qu’il poursuit vaut également pour les langues régionales et les langues issues
de l’immigration. Une contribution originale sera entre autres apportée par le
CNDP. Un cédérom proposera des comptines et des chants dans un certain nombre
de langues parlées en France. Tous ces documents seront à la disposition des
enseignants qui choisiront dans cet ensemble les langues et les contenus les
mieux adaptés à la situation et au projet de la classe.
Par tous
ces documents, ces chants et ces textes proposés dans des langues différentes,
les élèves seront amenés à mémoriser et à reproduire les sons de langues
différentes.
Ils prendront
conscience de la réalité de cette diversité. Tous les jeunes Français auront eu
la possibilité d’entendre de cette façon les langues régionales de notre pays.
Ainsi, par exemple les jeunes Bretons pourront également entendre et reproduire
des textes en occitan ou en alsacien.
Les
maîtres saisiront l’occasion, chaque fois que cela sera possible, de valoriser
la langue maternelle d’un des élèves ou la langue parlée dans sa famille.
Cette
ouverture à l’altérité est à la fois gage de la réussite ultérieure dans
l’apprentissage des langues et contribution à l’éducation à la citoyenneté.
Elle permettra la reconnaissance par l’école des compétences linguistiques,
même limitées, d’un grand nombre des élèves et une découverte, par la richesse
des langues régionales, de la diversité culturelle de notre pays.
A partir de la classe de CE2, les
maîtres s’engageront résolument dans l’enseignement d’une langue et pour la
réalisation d’objectifs qui servent de socle à la poursuite de l’apprentissage
en classe de sixième.
A tous
les niveaux de l’école élémentaire, l’introduction de cette nouvelle discipline
doit être l’occasion de mettre en œuvre des projets pédagogiques ayant
naturellement une dimension internationale. Tout projet favorisant le contact
des classes et des élèves avec la réalité des pays étrangers, avec des
établissements et des élèves d’autres pays, donne son sens à cet enseignement.
Cette dimension internationale, cette ouverture culturelle à d’autres
civilisations est l’une des clefs de la réussite de cet enseignement car elle
est source de motivation des élèves. C’est en recherchant de façon systématique
les échanges et les contacts avec des locuteurs de ces langues que l’Ecole fera
comprendre aux enfants l’utilité de cet apprentissage. L’environnement
quotidien des classes doit, à l’occasion de l’enseignement des langues
vivantes, illustrer cette ouverture sur les autres pays et les autres cultures.
La formation linguistique et pédagogique des maîtres
1) Une formation initiale pour tous les
maîtres du premier degré
Cette
nouvelle discipline relève, de la Grande section de maternelle au cours moyen,
de la responsabilité pédagogique du maître de la classe, qui pourra ainsi
organiser la nécessaire intégration de l’enseignement des langues vivantes dans
l’ensemble des apprentissages.
La
réaffirmation du principe de la polyvalence du maître du premier degré est
accompagnée de dispositions nouvelles.
a) en faveur de tous les futurs professeurs des écoles
L’objectif
est la formation initiale de tous les futurs professeurs des écoles.
Dès la
rentrée 2001, les IUFM mettront en place une formation linguistique adaptée. Un
effort aussi important doit être effectué en faveur de la formation à la
pédagogie de l’enseignement des langues vivantes pour des élèves de cet âge.
Dès 2003, le recrutement des
professeurs des écoles stagiaires supposera une compétence suffisante des
candidats dans une langue vivante étrangère. Leur aptitude à utiliser une
langue vivante étrangère pour la communication directe devra avoir été validée
de façon spécifique.
Je
compte sur les présidents des universités pour impulser dans chaque université
la prise en compte de l’importance des langues vivantes, quelles que soient les
disciplines étudiées. Il est indispensable que les étudiants aient une
possibilité réelle, pendant leurs années d’études, au moins d’entretenir les
compétences acquises à la fin du second cycle de l’enseignement secondaire. Le
Certificat de compétences en langues pour l’enseignement supérieur, expérimenté
depuis cette rentrée universitaire, et les Centres de langue doivent connaître
une généralisation rapide.
Pour la
rentrée 2001, j’ai décidé, pour aider les IUFM à faire face à cette mission, de
mettre à la disposition de chaque
antenne d’IUFM l’équivalent d’au moins un poste et demi d’assistant de langue
parmi les postes consacrés à l’enseignement primaire. Ces jeunes étudiants
étrangers donneront l’occasion aux stagiaires de s’entretenir dans des langues
étrangères, en plus de l’enseignement qu’ils recevront.
b) pour ceux qui souhaitent approfondir leurs compétences en
langues
En plus
de la formation linguistique et pédagogique reçue par tous les futurs
professeurs des écoles, une formation à
dominante “ langue vivante ” est mise en place pendant l’année scolaire
2001-2002. Cette formation à dominante sera proposée aux stagiaires ayant
un intérêt particulier pour cette discipline. Elle leur permettra d’approfondir
et d’élargir leur connaissance de la langue ainsi que de la didactique des
langues vivantes. Elle fournira le sujet de leur mémoire professionnel et
comprendra un séjour obligatoire de plusieurs semaines dans un institut
étranger de formation des maîtres. Pendant ce séjour, les stagiaires auront la
possibilité d’effectuer un stage accompagné dans des classes de l’enseignement
primaire du pays partenaire et pourront faire valider leurs interventions
auprès de ces élèves.
Je
demande à tous les IUFM de poursuivre les efforts déjà entrepris et de conclure
très rapidement dans ce sens des conventions avec des instituts de formation
étrangers dans les pays ou régions où les langues enseignées sont pratiquées.
Le recours aux aides communautaires doit être pleinement utilisé.
2) L’accompagnement des maîtres et la
formation continue
La
perspective de recrutement d’enseignants du premier degré formés à
l’enseignement des langues vivantes ne nous dispense pas de la nécessité d’une
formation continue pour tous les maîtres actuellement en poste.
Un plan pluriannuel de formation sera élaboré
dans chaque département. La formation continue linguistique et pédagogique
des maîtres constitue en effet l’une des priorités pour les années à venir.
Une
procédure d’habilitation à l’enseignement des langues vivantes est organisée au
niveau départemental ou académique. Dans un souci de transparence, j’ai demandé
à la DESCO d’harmoniser les modalités et
les exigences de cette habilitation sur la base de l’expérience acquise par
le Diplôme de compétence en langues et le Certificat de compétence en langue
pour l’enseignement supérieur. Ces modalités communes s’imposeront donc
progressivement pour l’accès à l’habilitation.
Une aide
importante sera apportée aux maîtres par les inspecteurs de l’éducation
nationale, les conseillers pédagogiques et les maîtres formateurs.
A la suite
de cette journée, des séminaires
interacadémiques d’information à leur intention seront mis en place pendant
l’année 2001-2002.
Au cours
de l’année 2001, une option Langues
vivantes pour le Certificat aux fonctions d’instituteur et professeur des écoles
maître formateur (CAFIPEMF) sera créée. Des maîtres formateurs ayant une
compétence très affirmée dans l’enseignement des langues seront une ressource
importante pour la formation continue. L’affectation des conseillers
pédagogiques ayant passé cette option fera l’objet d’un plan élaboré en
cohérence avec les besoins créés par l’introduction de cette nouvelle
discipline.
Les personnels d’enseignement
En accompagnement des efforts importants pour la formation initiale et continue
des maîtres du premier degré, des formes diversifiées d’organisation des
séances consacrées aux langues vivantes sont mises en place.
- La
collaboration à l’intérieur des équipes pédagogiques selon les compétences
particulières de chacun pourra prendre la forme d’échanges de service.
- Dans les zones rurales, des postes de
maîtres itinérants peuvent venir renforcer la polyvalence des équipes
pédagogiques.
- Dans cette perspective, les programmes d’échanges internationaux de maîtres
du premier degré avec plusieurs pays partenaires doivent connaître un
renouveau, et les ressources qu’ils offrent aux écoles doivent être mieux
exploitées. Le séjour de maîtres français dans des pays partenaires et la
présence dans les écoles de maîtres étrangers sont des formes privilégiées de formation
continue et des occasions de rencontre des élèves avec des locuteurs natifs de
cette langue, porteurs de leur culture. Ici encore, il est essentiel que toutes
les instances de l’Education nationale prennent en compte la dimension
nécessairement internationale de leur action dans ce domaine.
- En plus des maîtres formés du premier degré, l’intervention de professeurs de langue du second degré volontaires,
rémunérés en heures supplémentaires, est organisée. Il s’agit là d’une
coopération très constructive entre premier et second degré. Localement, la
possibilité d’intégrer des heures dispensées en premier degré dans le service
de professeurs de langue ne disposant pas d’un service complet en collège ou en
lycée devrait être recherchée pour la réussite de ce plan.
-
D’autres intervenants viendront aider les maîtres du premier degré :
intervenants extérieurs ou assistants de langue.
Le
nombre des intervenants extérieurs associés à cette généralisation de
l’enseignement des langues est en forte augmentation. Ils sont passés de 1350 à
2760. Je tiens à souligner ici l’effort consenti par de nombreuses
collectivités locales pour participer à la mobilisation nécessaire autour de
cette nouvelle discipline. La
vérification de leur compétence dans la langue s’effectuera selon des
procédures harmonisées au niveau national.
Une
réflexion est en cours pour permettre à ceux qui possèdent une licence de
pouvoir intervenir au-delà des 270 heures sur l’année qu’autorise leur statut
de vacataire. Un recrutement de ces personnels, comme contractuels par exemple,
leur offrirait la perspective d’intégrer plus facilement la fonction publique
par les concours internes.
La présence de locuteurs natifs est essentielle, non seulement pour
aider les enseignants à assumer cette nouvelle mission de l’Ecole, mais surtout
pour donner l’occasion aux élèves d’être exposés à une langue dont
l’authenticité ne peut que difficilement être égalée, de rencontrer des
représentants de la langue et de la culture enseignées. La compétence de ces
locuteurs natifs leur permet également de mener avec les élèves des activités
diverses dans la langue.
- Une nouvelle augmentation du nombre de postes
d’assistants de langue est prévue pour la rentrée 2001. Ils étaient 1000 au
printemps 2000 dans les écoles primaires. Sur les 5800 postes d’assistants de
langue ouverts à la dernière rentrée scolaire, 1400 sont consacrés au soutien
de l’action des maîtres du premier degré. A la prochaine rentrée, 1850
assistants sur les 6500 prévus contribueront à l’introduction des langues
vivantes à l’école primaire.
- J’ai
décidé d’augmenter de façon significative le nombre de jeunes Européens
présents auprès des maîtres du premier degré. Des concertations s’engageront
très vite avec nos partenaires sur les formes les plus adéquates.
J’ai
confié au Centre international d’études pédagogiques le soin d’organiser le
recrutement de tous ces jeunes, qui nécessite l’aide active de nos partenaires
étrangers et la mobilisation des postes diplomatiques. Les postes d’assistants
seront ouverts également à des étudiants qui ne suivent pas d’études de langue
et une validation officielle de leur séjour en France leur sera proposée.
Je
profite de cette occasion pour dire à quel point je me félicite de la présence
d’un aussi grand nombre d’assistants et d’assistantes de langue dans nos
établissements scolaires et du travail qu’ils y réalisent. Véritables
ambassadeurs de leur langue et de leur pays auprès de nos élèves et des
enseignants des écoles, collèges et lycées, ils préfigurent cette mobilité plus
large des étudiants et des enseignants que j’appelle de mes vœux.
J’inviterai
d’ailleurs un grand nombre d’entre eux à la manifestation nationale organisée
en France le 4 avril dans le cadre de l’Année européenne des langues.
Des outils pour l’enseignement des langues vivantes :
Plusieurs
types d’outils seront mis à la disposition des maîtres et des classes :
- Dès
l’adoption des programmes de l’école primaire, ceux-ci seront mis à la
disposition de tous les maîtres. Des
recommandations pédagogiques seront mises en ligne sur le site Internet de la DESCO
(EDUSCOL).
- Très
vite, après la parution de ces programmes, des matériaux pédagogiques devront
être réalisés et permettre aux enseignants d’élaborer une progression dans
l’enseignement de la langue. Les éditeurs scolaires seront invités à élaborer
des méthodes adaptées et la mutualisation des réalisations locales sera
réalisée par les sites de l’Administration et par le CNDP.
- En 2001,
un appel d’offres sera publié par la
Direction de la technologie pour la réalisation d’outils multimédia, sur la
base d’un cahier des charges précis. Il concernera plusieurs langues vivantes.
-
Pendant l’année 2001, une plate-forme de
cybercorrepondance sera mise en service au cours de l’année 2001. Elle
proposera à tous les élèves pendant leur parcours scolaire l’adresse de deux
correspondants dans deux langues différentes. Ce service fera l’objet d’un
projet pédagogique élaboré par les enseignants.
- Des
recommandations seront élaborées pour aider les collectivités locales à
organiser l’équipement des salles de
classe le mieux adapté à cet enseignement.
L’objectif de diversification des langues vivantes
Se pose bien entendu la question centrale des langues enseignées.
Cette
question est trop importante pour que la réponse soit dictée uniquement par des
préoccupations de gestion du système éducatif. Elle nécessite une analyse
sérieuse des besoins des futurs citoyens que sont les élèves.
La prise
en compte de ces besoins réels conduit à plusieurs considérations qui doivent
nous servir de guides :
- La
seule connaissance de l’anglais ne peut suffire. Tout montre que l’avenir de
notre pays et des jeunes Européens impose la maîtrise d’au moins deux langues
vivantes étrangères en plus de la langue maternelle.
- Mais
la connaissance de l’anglais est nécessaire pour tous. L’enseignement de cette
langue sera proposée à tous les élèves au collège.
- La
connaissance véritable d’une langue et l’aptitude à une communication
authentique avec des locuteurs étrangers supposent la connaissance des faits
culturels qui constituent l’identité de ces locuteurs. La langue et la culture
qu’elle porte sont liées. J’attends des groupes d’experts chargés d’élaborer
les programmes pour les langues vivantes qu’ils définissent précisément ce lien
et ce qui doit être acquis par les élèves.
- Notre
pays possède de nombreuses langues régionales qui constituent une partie de sa
diversité culturelle. L’accès à ces langues et à ces cultures doit permettre
aux élèves qui le souhaitent de s’approprier cette richesse. Il ne s’agit en
aucun cas d’un repli sur des particularismes mais d’une reconnaissance de la
diversité en Europe. Les langues régionales parlées en France sont d’ailleurs
dans certains cas également des langues de proximité, parlées au-delà de nos
frontières. Les langues vivantes régionales contribuent au plan de
généralisation des langues vivantes à l’école primaire. Les élèves qui
recevront cet enseignement auront la possibilité au collège de débuter
l’apprentissage de deux langues vivantes étrangères.
La mise
en œuvre des conséquences pratiques de ces choix nécessite une modification des
représentations collectives sur la place et le rôle des langues vivantes. La
France a un rôle moteur à jouer dans la prise en compte de la diversité
linguistique et culturelle. Tous les acteurs et les partenaires naturels de
l’école doivent se mobiliser pour obtenir une véritable diversification des
langues enseignées dès l’école primaire.
Il
s’agit de faire comprendre aux familles et aux élèves que rien n’impose de
commencer son parcours en langues vivantes par l’étude de l’anglais. Les
dispositions qui seront prises pour le collège et le lycée garantiront à tous
les élèves la possibilité d’accéder à un niveau comparable de compétence dans
les deux langues apprises, quel que soit le moment du début de cet
apprentissage.
Une
première mesure consistera à offrir à
partir de la rentrée scolaire 2003 l’apprentissage de l’anglais en seconde langue
vivante dès la classe de sixième à tous les élèves ayant entrepris l’étude
d’une autre langue à l’école primaire.
Personne
ne peut se contenter de la situation actuelle. Rappelons que seuls 24% environ
des élèves apprennent une autre langue que l’anglais en cours moyen et, encore
plus grave, seulement 10% sont dans ce cas en classe de sixième.
Mon
objectif est de corriger ce déséquilibre. Une première étape que doit atteindre
très rapidement chaque département consistera au moins à maintenir l’état actuel
de la diversification au cours moyen et de réduire rapidement la différence
avec la situation existant en classe de sixième, grâce à la continuité des
apprentissages entre école et collège, par la carte des langues, par
l’information apportée aux familles ainsi que par les incitations prévues en
faveur de la diversification.
Le
système éducatif français ne peut assister sans réagir par exemple à la
réduction actuelle de la part respective de l’enseignement de l’allemand en
collège. Cette diminution est lourde de conséquences quand on sait l’importance
des échanges culturels, éducatifs, économiques et politiques entre nos deux
pays. Réagir au déclin de l’enseignement de cette langue en France, c’est
prendre la mesure de l’importance de la compréhension réciproque des peuples
allemand et français pour l’avenir de nos pays et de l’Europe. Des initiatives
seront prises bientôt avec nos partenaires allemands en faveur de
l’apprentissage de la langue du partenaire.
De la
même façon, l’enseignement de l’italien ne connaît pas actuellement un niveau
de développement satisfaisant en première langue vivante, en regard des liens
culturels et de l’importance des échanges économiques qui unissent nos deux
pays
Peut-on
comprendre pourquoi une langue comme le portugais, qui ouvre des portes vers
des pays aussi importants que le Portugal et le Brésil, ne concerne que 10 000
élèves environ dans nos collèges et nos lycées ?
Enfin,
je citerai le cas particulier de la langue arabe. Alors que de très nombreux
élèves possèdent un savoir faire dans un dialecte, l’enseignement de l’arabe en
collège et en lycée ne rassemble qu’un peu moins de 7000 élèves. Il est urgent
de développer un enseignement plus conséquent de cette langue de communication
universelle et de permettre à plus d’élèves l’accès à la richesse de la culture
et de la civilisation du monde arabe.
Un état des lieux de la diversification
sera établi tous les ans par les inspections académiques. Une synthèse sera élaborée
par la DESCO.
La clé
de la diversification des langues est l’élaboration
d’une “ carte des langues ” par bassin de formation ou à l’échelle d’un
territoire pertinent pour la suite des études des élèves.
A partir
d’un recensement le plus précis possible des ressources humaines disponibles et
des situations locales, la continuité de l’enseignement de langues vivantes
sera construite de l’école primaire au collège. La collaboration étroite des
collectivités locales sera recherchée, ainsi que la prise en compte de
l’environnement de l’école. C’est ainsi que la proximité géographique d’un pays
ou d’une région, la présence importante de locuteurs d’une langue, l’existence
de comités de jumelage ou l’implantation d’entreprises étrangères devraient
être des facteurs pris en compte dans la définition de cette “ carte des
langues ”.
Ceci
devrait également avoir parfois pour conséquence la création de cursus dans des
langues qui ne disposaient pas jusqu’ici d’enseignement de première langue
vivante dans le collège de recrutement.
De la
même façon, des dispositions seront prises, en concertation avec les
représentants des personnels, pour favoriser la continuité des apprentissages
dans les écoles.
Une
contribution importante à cet effort de diversification sera apportée par la transformation progressive, en coopération
avec les pays concernés, des séances de langues organisées dans le cadre de
l’enseignement des langues et des cultures d’origine (ELCO). La réflexion
en cours concerne l’arabe, l’espagnol, l’italien et le portugais. Ces
enseignements doivent s’ouvrir à d’autres élèves et prendre toute leur place
dans le plan de généralisation des langues à l’école primaire. Les élèves qui
reçoivent cet enseignement doivent pouvoir le continuer en collège comme
première langue vivante, tout en bénéficiant de l’apprentissage complémentaire
de l’anglais en sixième.
D’autres
langues encore sont enseignées à l’école primaire. Même si elles ne
représentent qu’une part minime en pourcentage, la préservation de cet
enseignement doit faire l’objet de tous les soins et peut motiver des
dispositions particulières prises par les inspecteurs d’académie dans un souci
de continuité.
La
réussite de la diversification suppose une volonté partagée de tous les
acteurs.
Cette
volonté n’aurait que peu de chances de succès si l’école n’organisait pas de
façon systématique une information complète en direction des familles sur les
parcours de langues vivantes possibles dans un bassin de formation. Une campagne d’information doit être mise
en place dans chaque bassin de formation, sous la direction du service de
l’information et de l’orientation. Elle substituera la logique de parcours
de langues, qui englobe nécessairement plusieurs langues vivantes, à la demande
ponctuelle de choix d’une langue vivante. Elle éclairera les familles et leurs
enfants sur les caractéristiques et les ressources offertes par l’étude des
langues proposées dans le cadre de la “ carte des langues ”.
Partout
où cela est possible, le choix de la langue apprise à l’école primaire sera
laissé aux familles, en essayant de préserver l’équilibre délicat entre la
pluralité des langues enseignées dans une école et l’intérêt pédagogique de la
présence du maître de la classe pendant les séances de langue.
Bien
évidemment, ce choix, même dans le meilleur des cas, ne pourra être que limité.
La diversification des langues ne peut être qu’“encadrée ”.
La diversité des modalités pédagogiques
L’enseignement des langues vivantes à l’école primaire est marqué actuellement
par une grande diversité : sections internationales, enseignement bilingue pour
les langues régionales, enseignement extensif à raison d’1 heure 30 par semaine
pour les langues étrangères.
Cette
diversité doit continuer. Chaque dispositif pédagogique contribue de façon
spécifique à la mission du service public.
La
situation géographique et linguistique doit être prise en compte. L’enseignement bilingue à parité horaire
mis en place pour les langues régionales en est un exemple convaincant. Il fera l’objet d’une extension progressive,
selon un mode d’organisation qui sera précisé par des circulaires.
L’extension de ce dispositif à
l’enseignement de langues de proximité géographique comme l’allemand,
l’italien, l’espagnol et le néerlandais sera encouragée dans les académies
concernées. Un inventaire de toutes les ressources disponibles sera entrepris
très rapidement dans chaque département et mis en regard avec les demandes
éventuelles des familles, en concertation avec les collectivités locales et
territoriales. Le plus grand soin sera apporté dans le choix des sites et des
écoles pour que ces dispositifs ne se transforment pas en facteur de sélection
sociale.
Pour
réaliser cette extension, les académies et les départements rechercheront la
participation active de partenaires étrangers, qui pourra prendre la forme de
conventions, d’échanges de maîtres ou de jeunes, de mutualisation des
ressources pédagogiques.
L’enseignement
offert dans l’ensemble des écoles doit connaître des formes diverses
d’organisation. La plus grande souplesse sera laissée aux équipes pédagogiques
et à chaque inspecteur d’académie.
Chaque
fois que cela sera possible, la présence de locuteurs natifs sera mise à profit
pour organiser, en plus des séances régulières de langue, des moments d’utilisation intensive de la langue.
L’une
des formes que je souhaite voir se développer est l’organisation, avec l’aide
des collectivités locales et territoriales, de classes linguistiques analogues
aux classes découverte ou aux classes patrimoine. En s’appuyant sur les
secteurs associatifs qui gèrent ces centres, notamment les Pupilles de
l’Enseignement Public et La Ligue de l’enseignement, il est souhaitable de
mettre en place de véritables bains linguistiques pour les écoles. Grâce à la
présence de locuteurs natifs, d’assistants ou de maîtres étrangers participant
à un échange poste pour poste, les élèves d’une classe pourront ainsi
participer à des activités diverses dans la langue. Ils recevront pendant une
période un enseignement disciplinaire dans la langue. Avec l’aide des DRAC, des
activités d’expression artistique dans la langue apprise pourraient être
offertes aux élèves pendant cette même période, comme par exemple le chant
choral.
De tels
centres répartis sur le territoire offriront au plus grand nombre d’écoles et
d’élèves la possibilité d’un contact important avec les langues, en complément
de l’enseignement reçu pendant le reste de l’année scolaire.
Dans la
mise en place de toute cette palette de dispositifs en faveur d’un
apprentissage diversifié des langues pour tous les élèves, la participation des
collectivités locales et territoriales est souvent la condition de la réussite
de ces projets. Celles-ci doivent pouvoir pleinement accompagner les
initiatives de l’Ecole.
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Toutes
ces mesures destinées à mettre en place de façon définitive l’enseignement des
langues vivantes dans l’école primaire française auront un prolongement au
collège et au lycée. Elles poursuivent un objectif à la fois ambitieux mais
impératif : faire accéder l’ensemble des Français à la maîtrise des langues
vivantes. Sans laisser croire que chacun peut parvenir à une compétence de
locuteur natif, tous nos efforts doivent permettre à tous les élèves et
étudiants de maîtriser suffisamment deux langues vivantes pour communiquer
efficacement avec des locuteurs de ces langues.
Notre
pays souffre d’un complexe envers cet apprentissage. Nous sommes réputés comme
étant peu désireux de parler des langues étrangères.
En
faisant des langues vivantes une discipline fondamentale dans notre système
éducatif, ces décisions aideront à la prise de conscience et au sursaut
nécessaires.
Ce
constat largement caricatural repose cependant sur un malentendu.
Contrairement
à une illusion fort répandue, la France n’est pas un pays monolingue. La langue
nationale est commune à tous ses habitants et sa maîtrise constitue l’une des
priorités absolues pour le système éducatif. Ceci ne doit pas faire oublier que
les langues régionales sont parlées et comprises par une partie non négligeable
de la population. Elles sont même très vivantes dans certaines parties du
territoire français. Les migrations successives vers notre pays nous ont permis
d’accueillir de très nombreuses personnes maîtrisant d’autres langues que le
français.
L’Ecole
doit valoriser toutes ces compétences linguistiques qui constituent une
richesse individuelle et collective et les traiter comme des éléments du profil
plurilingue que chacun doit progressivement développer. L’introduction du
Portfolio européen des langues du Conseil de l’Europe dans des écoles volontaires
peut nous y aider.
Je suis
heureux de pouvoir annoncer ces décisions importantes pour les langues vivantes
au début de l’Année européenne des langues. Ces décisions sont effectivement
une contribution importante de la France à l’Europe, dont l’avenir passe par le
respect de sa diversité culturelle et linguistique et par la promotion du
multilinguisme.