Devenir écolier à 2 ans
SOMMAIRE
Introduction. p.3
I) Pourquoi entrer à l’école à 2 ans ? p.4
B) Les raisons des parents. p.6
C) L’avis de spécialistes. p.6
II) Comment l’enfant devient écolier ? p.7
A) Sécuriser l’enfant. p.8
B) La socialisation des élèves. p.10
III) Le langage et la motricité dans la scolarité présente et future de l’élève. p.12
A) Le langage. p.12
1)
Généralités. p.12
2) Le regroupement
matinal. p.13
3) Une séquence de classe. p.15
¤ Description de la séquence. p.15
¤ Analyse. p.16
4) L’évaluation de l’oral. p.17
5) Le rôle du langage dans
la scolarité future de l’élève. p.18
B) La motricité. p.19
1) Généralités. p.19
2) Une séquence de classe. p.20
¤ Description de la séquence. p.20
¤ Analyse. p.21
3) L’évaluation de la
motricité. p.22
4) Le rôle de la motricité
dans la scolarité future de l’élève. p.23
Conclusion. p.24
Bibliographie. p.25
INTRODUCTION
Aujourd’hui,
près de 100 % des élèves de 3 à 6 ans sont scolarisés à l’école maternelle,
alors que l’école n’est pas obligatoire avant l’âge de 6 ans. Depuis plusieurs
années, de plus en plus d’enfants de 2 ans sont scolarisés.
Lors de mes
différents stages en école maternelle, j’ai vu évoluer des enfants de 2 ans.
Cela m’a amené à m’interroger sur l’intérêt et sur les rôles de cette
scolarisation précoce.
Ce dossier
essaie de répondre à ce sujet en présentant dans un premier temps l’historique
de la scolarisation des enfants de 2 ans. Puis, dans un second temps,
j’évoquerai comment l’enfant de 2 ans devient écolier. Enfin, dans un dernier
temps, j’étudierai le rôle de deux activités principales (le langage et la
motricité) dans la scolarité présente et future de ces jeunes élèves.
I)
Pourquoi entrer à l’école à 2 ans ?
IA) L’historique et les instructions officielles :
Vers 1826, les salles d’asile ont été créées en France afin de permettre aux mères qui travaillaient, de faire garder leurs enfants ayant entre 2 et 7 ans. Puis, sous la III° République (en 1881), Jules Ferry demande à Pauline Kergomard de rénover la structure et la fonction de ces organismes. Ainsi apparaissent les premières écoles maternelles. Bien qu’elles soient la première école pour les enfants de 5 à 7 ans, elles continuent à être des salles d’asile pour les 2 à 4 ans.
A l’heure actuelle, même si l’école maternelle fait
l’unanimité pour l’accueil des enfants de 3 ans (ils sont 99,50 % à y être
accueillis, alors qu’elle n’est pas obligatoire), il en est tout autrement pour
l’accueil des enfants de 2 ans (ils ne sont que 35 % à la fréquenter).
D’après les instructions officielles, depuis 1989, la priorité est donnée à l’accueil des enfants de 3 ans (qui n’étaient pas acceptés partout, avant). Les enfants de 2 ans ne sont accueillis prioritairement que dans les zones d’éducation prioritaires (ZEP) et à condition qu’ils aient 2 ans révolus le jour de la rentrée. Les autres ne le seront que dans la limite des places disponibles.
Toutefois, les enfants de 2 ans qui sont scolarisés, se
trouvent :
- soit au sein de classes constituées uniquement
d’enfants de 2 ans, et appelées TPS (très petite section),
- soit dans les classes des enfants de 3 ans,
appelées PS (petite section), et cela quand les enfants de 2 ans ne sont pas
assez nombreux pour former une classe unique de tout-petits.
Les domaines d’activités de l’école maternelle proposés par
l’Education Nationale (programmes de 1995) sont les mêmes pour les enfants de 2
ans que pour tout le cycle 1 (PS, MS et GS) :
¤ Vivre
ensemble, c’est-à-dire tout ce qui concerne, entre autre, la
socialisation ;
¤ Apprendre à
parler et à construire son langage, c’est-à-dire aller vers la maîtrise de la
langue ;
¤ Agir dans le
monde où l’enfant explore son environnement et ses possibilités motrices ;
¤ Découvrir le
monde en s’initiant au monde de la culture ;
¤ Imaginer,
sentir, créer, où l’enfant développe son esprit critique et ses capacités
psychiques (sensibilité, attention, concentration…).
A travers des objectifs tels que :
¤ la transmission des connaissances, des savoirs
et une culture,
¤ la préparation à la « vie
professionnelle »,
¤ la formation à la vie en société et à la
citoyenneté,
les programmes de 1995 (les programmes de l’école primaire
(MEN)) réaffirment la place centrale de l’élève au cœur du système éducatif.
De même, les programmes de 2002 renouvellent cette position et
prônent « l’égalité des chances » de chaque élève et cela dès l’école
maternelle.
IB) Les raisons des parents :
Les raisons de la scolarisation à 2 ans sont très diverses.
Pour la majorité des parents, les différents modes de garde
(crèche, assistante-maternelle…) posent des problèmes financiers. C’est
pourquoi leurs enfants intègrent le système scolaire dès l’âge de 2 ans.
Contrairement aux modes de garde dits traditionnels, l’école maternelle est
gratuite. Cependant, il faut rappeler que l’école maternelle n’est pas une
garderie mais une école à part entière.
Quant aux parents d’origine étrangère, ils scolarisent leurs
enfants dès 2 ans afin qu’ils apprennent la langue et les coutumes françaises.
Pour d’autres parents, la scolarisation de leur enfant de 2
ans a une visée éducative. Ils pensent que cela permettra à leur enfant
d’apprendre à vivre avec d’autres enfants du même âge et à s’épanouir. De plus,
ils considèrent que ce sera une chance supplémentaire de réussite pour leur
enfant s’il fréquente très tôt l’école. Pour cela, beaucoup disent que leur
enfant a envie d’apprendre.
Toutefois, il faudrait que les parents s’interrogent :
« Mon enfant est-il prêt pour aller à l’école ? Et nous parents,
sommes-nous prêts à passer du statut de parents à celui de parents
d’élève ? ».
IC) L’avis de spécialistes :
Même si certains pédiatres et enseignants sont contre, la
plupart des spécialistes sont assez favorables à la scolarisation des enfants
de 2 ans, mais à certaines conditions. Il est vrai que tous les enfants ne sont
pas prêts à intégrer l’école maternelle dès l’âge de 2 ans. Car tous les
enfants de 2 ans n’ont pas la maturité affective et psychomotrice suffisante
pour accepter la séparation d’avec leur mère comme le début d’un processus
d’individualisation et la possibilité de grandir.
Certaines études montrent que cette scolarisation précoce
favoriserait les enfants issus de milieux défavorisés, en particulier dans le
domaine du développement langagier par rapport aux enfants de même milieu mais
scolarisés qu’à 3 ans.
Thérèse Boisdron, présidente de l’AGIEM (association générale
des institutrices et instituteurs d’écoles et classes maternelles publiques)
ainsi que Agnès Florin (professeur de psychologie de l’enfant et de l’éducation
à l’université de Nantes) sont favorables à la scolarisation des enfants de 2
ans, mais seulement de ceux qui sont prêts pour y aller. Thérèse Boisdron
ajoute qu’afin que l’entrée à l’école de leurs enfants se déroulent dans les
meilleures conditions possibles, les parents eux-aussi doivent être prêts.
II) Comment l’enfant devient écolier ?
« L’accueil des tout-petits impose des exigences
particulières » comme le rappellent les programmes de 2002. En effet, il y
a plusieurs étapes dans le devenir écolier de l’enfant de 2 ans. Il faut
d’abord qu’il se sente sécurisé et qu’il apprenne à vivre avec des personnes
qui ne sont pas des membres de sa famille, afin qu’il puisse « comprendre
et respecter le rythme et les règles de la vie collective » (selon les
programmes de l’école primaire (MEN) 1995).
IIA) Sécuriser l’enfant:
L’enfant doit se sentir en sécurité à l’école. Pour cela, il
doit apprendre à connaître les lieux et à se situer dans le temps. Ainsi la
journée type d’une classe de tout-petits (TPS) ou de petits et tout-petits (PS)
est très structurée et respecte le rythme physiologique des élèves. Grâce à cet
emploi du temps, la maîtresse aide l’enfant à s’adapter à sa vie d’écolier et
lui permet d’apprendre à se repérer dans le temps et par rapport aux autres
élèves.
Exemple d’une journée type dans une classe de PS comprenant
quelques enfants de 2-3 ans (au mois d’octobre) :
8h50-9h00 : accueil échelonné des élèves dans la salle de
jeux (accueil de tous les enfants de l’école maternelle dans la même salle).
9h00-9h05 : passage aux toilettes.
9h05-9h30 : regroupement : mise en place des repères
spatio-temporels (calendrier : chanson avec les jours de la semaine), de
vie collective (appel…) et de langage (les enfants racontent ce qu’ils veulent
mais les uns après les autres et la maîtresse essaye de faire intervenir les élèves
les plus en retrait).
9h30-9h45 : hygiène et collation.
9h45-10h30 : activités en groupes (différents ateliers
tournants pour les 3 groupes d’enfants de 3 ans et un atelier spécifique pour
le groupe des 2 ans : activités à dominante artistique pour développer la
motricité fine mais aussi le langage). Quand les enfants ont fini leur
activité, ils vont au coin livres.
10h30-11h00 : récréation.
11h00-11h30 : regroupement pour la lecture d’une histoire
par la maîtresse.
11h30-12h00 : activités physiques collectives (séances de
motricité).
12h00 : repas pris à la cantine ou en famille.
13h30-16h00 : sieste dans des lits personnalisés.
Accompagnement à la sieste avec la maîtresse. Réveil échelonné des enfants.
Retour en classe où chaque enfant choisi son activité en fonction des coins de
jeux proposés. Selon la période de l’année et de l’âge des enfants, la sieste
est plus courte. Ainsi, l’après-midi peut être consacré à d’autres activités.
15h30-16h00 : récréation.
16h00-16h30 : lecture d’un conte.
16h30 : habillage et sortie.
Le découpage de la journée permet à chaque enfant d’apprendre
à se situer dans le temps. Un bouleversement dans l’emploi du temps désoriente
l’enfant qui perd ainsi ses repères temporels. L’élève essaye de les retrouver.
Mais s’il n’y parvient pas, il se sent complètement perdu.
Par conséquent, l’enfant de 2 ans se sécurise en apprenant à
se situer dans le temps grâce au rythme de la journée de classe. Par exemple,
il sait qu’après la récréation du matin, il retourne dans la classe et qu’après
« c’est l’heure des mamans ».
De même, la disposition de la classe permet à l’enfant de se
sentir en sécurité. Les différents coins de jeux permettent à l’élève de
pouvoir s’isoler ou de jouer en comité restreint. Cela lui permet d’apprendre à
vivre avec d’autres enfants de son âge tout en se sentant en sécurité dans un
environnement connu.
IIB) La socialisation des élèves :
La socialisation est le fait de développer des relations
sociales entre les individus. Par conséquent, la socialisation ne débute pas à
l’école maternelle. Dès sa naissance, l’enfant apprend à nouer des relations
avec autrui, à les entretenir, à les diversifier et à en multiplier les
effets : l’enfant sourit, fait des mimiques, des vocalises et des gestes.
Il communique à sa façon, avec sa famille. Grâce à cette dernière, l’enfant
intériorise des normes et des valeurs. Il élabore ses propres conduites en
fonction des types d’activités valorisées dans son environnement, et il
structure par conséquent sa personnalité.
Ainsi quand l’enfant arrive à l’école maternelle, il n’est pas
une « page blanche », mais il est chargé de tout un savoir, d’une
culture spécifique que l’enseignant ne peut ignorer, et qui conditionne, en
grande partie, les modalités d’acquisition des connaissances scolaires.
En quoi consiste la socialisation à l’école maternelle ?
Qu’il entre à l’école à 2 ou 3 ans, l’enfant doit apprendre à
vivre avec :
¤ des adultes qui ne sont ni ses parents, ni des
membres de sa famille. Le personnel enseignant n’est pas là pour materner les
élèves du matin au soir, mais pour transmettre des savoirs, des savoirs-faire
aux enfants et pour les rassurer.
¤ des enfants plus grands (ceux de moyenne et de
grande sections). Lors des récréations, les petits doivent faire attention,
s’ils jouent avec ou à côté des grands, aux mouvements parfois maladroits de
ceux-ci.
¤ des pairs c’est-à-dire des enfants du même âge.
Les enfants de la même classe doivent apprendre à vivre ensemble : ils
doivent travailler, parfois, ensemble, ils s’enrichissent les uns les autres de
leurs différentes cultures…
C’est dans et par les rapports sociaux qui vont s’établir au
sein de la classe, au travers des situations d’apprentissage et dans un milieu
spécialement conçu à cet effet, que l’enfant construit son métier d’élève.
L’enfant apprend à vivre dans une collectivité (l’école et en
particulier la classe) où il doit respecter des règles et la liberté de chacun.
Cependant, dans les classes de TPS ou de PS comprenant des
enfants de 2 ans, il est assez difficile pour la maîtresse de faire travailler
les élèves collectivement. Comme Jean Piaget (psychologue suisse) l’a montré,
les enfants à cet âge sont très égocentriques.
Néanmoins, lors du regroupement matinal, la maîtresse tente de
favoriser les échanges entre les élèves. Pour cela, elle les questionne ou leur
laisse librement la parole, afin que la communication entre eux se mette en
place. Grâce à ces situations de langages, la socialisation devient le
promoteur des apprentissages en milieu scolaire.
III) Le langage et la motricité dans la scolarité présente et future de l’élève :
Le langage et la motricité sont les deux principales activités
développées par les enseignants de TPS et de PS. Car ces deux activités sont
aussi importantes pour le développement à court et à long terme des élèves.
IIIA) Le langage :
1) Généralités :
La structuration du langage est un des objectifs principaux en
TPS. Car un enfant de 2 ans connaît près de 300 mots et à 3 ans, il en
possèdera approximativement 1500 à son répertoire. Ainsi à l’âge de 2 ans, un
enfant apprend, environ, un nouveau mot, tous les jours. Par conséquent,
l’écoute de la maîtresse et des lectures qu’elle fait, sont très importantes
pour l’acquisition de ce nouveau vocabulaire. Comme le soulignent les
instructions officielles, l’enfant acquiert le langage par imitation des
adultes de son entourage. De plus, Lev Vygotsky (psychologue soviétique)
souligne l’importance de l’enseignant pour assurer les trois conduites sociales
de base (imitation, appropriation et maîtrise) visant à l’apprentissage de
nouvelles connaissances par les élèves.
L’apprentissage du langage se faisant essentiellement par
imprégnation, imitation et répétition, il est donc évident que les comptines,
les chants et les contes jouent un rôle essentiel dans cette acquisition.
2) Le regroupement matinal :
Je ne vais m’intéresser qu’aux activités langagières
proprement dites ayant lieu lors du regroupement.
Les élèves et leur maîtresse sont assis autour d’un grand
tapis, de façon que chacun puisse voir les autres membres de la classe.
Dans un premier temps, la maîtresse laisse la parole aux
enfants. Chacun leur tour, les élèves racontent ce qu’ils ont fait la veille ou
ce qu’ils ont envie de dire. L’enseignante aide les enfants les plus timides à
s’exprimer, en leur posant des questions. Elle leur permet donc d’acquérir le
désir et la confiance en soi nécessaires à la prise de parole.
Puis, la maîtresse utilise les comptines et les chansons, pour
faire étudier le langage à ses élèves. Car ces derniers écoutent, répètent et
assimilent des mots et des sonorités grâce ces activités basées sur des jeux de
rimes et de rythmes de la langue française.
Ensuite, la maîtresse lit une histoire ou elle présente une
image que les élèves doivent commenter simplement. Cela permet de les
familiariser avec du vocabulaire qu’ils n’ont peut-être pas l’habitude
d’entendre. Même si les enfants n’assimilent pas directement le vocabulaire et
la syntaxe, ils sont en contact avec des mots et des structures qu’ils
reverront plus tard et qu’ils s’approprieront alors.
Ainsi dès l’âge de 2 ans, l’élève est confronté aux
différentes facettes de l’apprentissage du langage :
¤ s’exprimer clairement afin d’être compris par
autrui,
¤ écouter, dans le silence, l’enseignant comme les
autres élèves,
¤ comprendre ce qui est dit ou ce qui est demandé,
¤ être capable de communiquer avec autrui.
Tout cela permet à l’enfant de structurer petit à petit son
langage.
De plus, les contes, les histoires, les chansons et les
comptines permettent à l’élève d’enrichir sa propre culture.
Cependant, ces activités de « bain de langage »
permettent à chaque élève de pouvoir s’identifier en tant qu’individu au sein
du groupe c’est-à-dire d’utiliser le « je » pour se distinguer des
autres.
De plus, l’enfant doit être compris par tous. Il doit passer
de la « phrase-mot » à la phrase simple constituée de deux ou trois
mots. Cela est difficile car à 2 ans, l’enfant a un langage égocentrique
c’est-à-dire qu’il s’imagine toujours être compris par tout le monde. De plus,
il utilise à profusion le langage infra-verbal (regards, mimiques, gestes…), et
sa prononciation est parfois difficile à comprendre. D'ailleurs, chez les
tout-petits, l’accent est mis sur la prononciation, la clarté de la diction et
la maîtrise du souffle. Les acquisitions lexicales et syntaxiques sont quant à
elles, placées au second plan.
3) Une séquence de classe :
¤ Description de la
séquence :
Il s’agit pour les élèves de 2 à 4 ans (PS au mois d’octobre)
de réciter avec la maîtresse (tous en même temps) une comptine connue, tout en
l’accompagnant d’un jeu de mains. La comptine utilisée est « Monsieur
Pouce » :
« Toc,
toc, toc,
Monsieur Pouce es-tu là ?
Chut !
Je dors.
Toc,
toc, toc
Monsieur Pouce es-tu là ?
Oui, je sors. »
Pour les lignes 1, 2, 4 et 5, les enfants doivent fermer leurs
poings et frapper l’un sur l’autre comme quand on frappe à une porte. Pour la
ligne 3, les élèves doivent mettre l’index sur la bouche pour le
« chut ! », puis ils doivent mimer le « je dors ». Puis
pour la dernière ligne, ils doivent lever le poing en ne dressant que le pouce.
La maîtresse a dû, en travail préalable, apprendre la comptine
aux élèves (en la répétant), puis avec eux, elle a mis en place toute la
gestuelle accompagnant la récitation.
L’objectif d’une telle séance est de faire dire et mémoriser
un texte court tout en l’accompagnant des gestes que les élèves doivent
apprendre à faire et à maîtriser.
¤ Analyse :
Pour des raisons techniques, je n’ai pas pu enregistrer les
récitations de cette comptine. Mais grâce à l’observation des élèves, je me
suis rendue compte qu’ils ne récitaient pas tous la comptine et que de la même
façon, ils ne la mimaient pas tous. Certains enfants essayant même de suivre
les mouvements faits par leurs voisins. Les enfants de 2 ans récitaient souvent
qu’une partie de la comptine ou ne se focalisaient que sur la gestuelle. Par
conséquent, il semble que l’apprentissage d’une comptine doublée d’un jeu de
mains (la coordination) soit difficile pour des tous-petits. Cela peut
s’expliquer par le fait qu’à 2 ans, la mémoire de l’enfant est en îlots et
qu’elle ne se construit que par l’expérience c’est-à-dire en concrétisant
l’information et en la répétant. De plus, il est difficile pour un enfant de 2
ans de se concentrer à la fois sur une comptine et sur une gestuelle. Car à cet
âge, l’enfant apprend à maîtriser ses mouvements et cela lui demande beaucoup
d’entraînement et de concentration. Cependant, quelques semaines après, les
enfants de 2 ans, et à fortiori ceux de 3 ans, arriveront à réciter la comptine
avec toute la gestuelle adéquate grâce à la répétition effectuée en classe et à
la maturation physiologique des enfants. De plus, l’apprentissage de la
comptine est facilité par le rythme donné par la maîtresse lors de la
récitation ; les différentes intonations permettent de retenir la
comptine, un peu comme on retient une chanson.
4) L’évaluation de l’oral :
L’évaluation des enfants de 2 ans semble impossible à
réaliser, en particulier en ce qui concerne l’évaluation de l’oral. Cependant,
celle-ci est possible à réaliser mais compliquée. Il faut la réitérer au cours
de l’année scolaire afin de pouvoir noter les progrès de chacun des élèves.
D’après M.-C. Degardin (enseignante en TPS et MF à l’IUFM de Valenciennes),
l’évaluation de l’oral est possible aussi bien du point de vue langagier que
phonologique :
¤ Evaluation du langage :
+ Ne
s’exprime pas verbalement.
+
S’exprime par mot-phrase.
+
Groupes de mots syntaxiquement incorrects (parti papa).
+
Phrases simples (sujet + verbe).
+
Phrases à 3 termes (sujet + verbe + complément).
+
Répète correctement les mots entendus.
+
Reproduit aisément les sons dans un mot nouveau.
+
Réagit correctement aux consignes verbales de l’adulte.
+
Emploie les mots à bon escient.
+
Emploie les pronoms personnels je, tu, il.
+
Utilise les temps verbaux (présent, passé, futur).
+
Utilise les adjectifs possessifs.
+
Vocabulaire correct (noms, verbes, adjectifs, adverbes).
+
Utilise les termes spatiaux et temporels.
¤ Phonologie :
+ Omission
de phonèmes (*pu/plus).
+
Non-réalisationn de phonèmes en position initiale ou finale (*ti/petit).
+
Mauvaise réalisation de phonèmes associés (*bribron/biberon).
+
Inversion de syllabes (*valabo/lavabo).
+
Confusion de deux phonèmes ([t] et [k] : train/*crain).
Cette liste étant non-exhaustive, elle peut être complétée en
fonction des erreurs commises par les élèves. Cette évaluation du langage qui
permet à la fois une évaluation du langage et de la phonologie, offre la
possibilité de faire des évaluations transversales avec d’autres domaines
d’activités tel que « vivre ensemble ».
5) Le rôle du langage dans la scolarité
future de l’élève :
Dès 2 ans, l’enfant apprend à l’école à travailler sa
prononciation, sa syntaxe et son vocabulaire. Toutes ces composantes de la
langue sont ainsi travaillées tout le long du cycle 1. L’apprentissage de
l’oral est prédominant au cycle 1 car dès le cycle 2, l’apprentissage de
l’écriture et de la lecture est primordial.
Or, apprendre à parler et à se faire comprendre d’autrui sont
aussi bien l’objectif de l’école maternelle que les bases de la communication.
Ceci servira aux élèves dans leur vie scolaire future mais aussi dans leur vie
quotidienne.
De plus, la maîtrise orale de la langue permet à l’écolier de
réfléchir sur la structuration du langage et par conséquent d’en déduire les
principales règles ; ceci se faisant tout le long de la scolarité de
l’élève.
Ainsi la bonne maîtrise de la langue va permettre à l’élève
d’entrer dans l’apprentissage de l’écrit et de ses règles. Cette entrée dans le
monde de l’écrit commence dès la petite section grâce à la dictée à l’adulte
pour écrire un message, une recette ou une histoire. De plus, l’élève apprend à
écrire progressivement. Avant d’accéder aux exercices de graphomotricité, il
doit d’abord s’exercer grâce à des activités de motricité fine.
IIIB) La motricité :
1) Généralités :
A 2 ans, l’enfant marche depuis quelques mois mais sa démarche
ainsi que ses gestes ne sont pas très assurés. Par conséquent, utiliser un
escalier, franchir un obstacle ou participer à une ronde en tenant la main de
ses voisins sont autant d’activités demandant une grande maîtrise physique. Or,
à 2 ans, la motricité (ensemble des fonctions qui assurent les mouvements)
globale de l’enfant commence bien à se coordonner quoique tous ses actes soient
encore maladroits. Néanmoins, cette coordination sensori-motrice ne sera
réellement améliorée que vers l’âge de 4 ans. Toutefois, apprendre à maîtriser
ses mouvements permet à l’enfant de prendre connaissance du monde physique qui
l’entoure aussi bien spatialement que temporellement.
Cependant, il existe un autre type de motricité qui se limite
aux mouvements des mains et des poignets : elle est appelée la motricité
fine. Cette dernière permet à l’enfant d’entrer dans le monde de l’écrit. Car
la maîtrise des mouvements du poignet et de la main permettra à l’élève
d’apprendre à écrire.
La motricité fine offre à l’élève la possibilité d’exercer ses
doigts mais aussi sa vision afin que cette dernière puisse guider et contrôler
les mouvements de la main. Car l’œil guide les mouvements de la main.
2) Une séquence de classe :
¤
Description de la séquence :
L’activité proposée a été menée, en octobre, avec les élèves
de 2 ans d’une classe de PS comprenant cinq élèves âgés de 2 ans. Le but de la
séquence est de faire réaliser la décoration d’une pomme de pin avec des
paillettes multicolores en papier. Pour cela, chaque enfant doit utiliser un
pinceau pour recouvrir la pomme de pin de colle liquide. Puis, il doit la
recouvrir en la saupoudrant de paillettes. Notons que les élèves réalisent les
uns après les autres la décoration car ils sont aidés par la maîtresse ou par
l’ATSEM (agent territorial spécialisé des écoles maternelles).
Lors du rassemblement du groupe des 2 ans, la maîtresse a fait
un travail préalable à la séquence, au cours duquel elle fait deviner aux
élèves comment décorer une pomme de pin avec des paillettes et que ces
dernières tiennent dessus (grâce à la colle).
Les compétences visées par cette activité sont :
+ la
compréhension et l’exécution d’une consigne,
+ l’utilisation
d’un matériel spécial (le pinceau) pour appliquer la colle,
+ l’utilisation
des doigts pour saupoudrer les paillettes,
+ la
constatation des effets produits par les différents gestes effectués.
¤
Analyse :
La décoration de la pomme de pin permet aux élèves de 2 ans
d’exercer leur motricité fine. Dans cet exercice, les enfants doivent tenir
correctement le pinceau, le tremper dans la colle sans en prendre trop, recouvrir
la pomme de pin entièrement de colle, puis utiliser leurs doigts pour
saupoudrer la totalité de la pomme avec les paillettes. Cependant, lors de la
réalisation, j’ai constaté que les élèves avaient des difficultés pour
recouvrir la pomme de pin de colle ; ils restaient sur la même partie de
la pomme et il fallait leur dire d’en mettre aussi sur les autres parties.
C’est le relief de la pomme de pin qui leur posait des problèmes car lors
d’autres activités, j’ai pu constater que mettre de la colle sur une surface
plane à l’aide d’un pinceau ne leur posait aucune difficulté.
Au contraire, le saupoudrage avec les paillettes était en
général bien réalisé. Toutefois, le geste de saupoudrer avec le bout des doigts
n’est pas parfaitement maîtrisé.
Par conséquent, cette séquence est un bon exercice de
motricité fine qui permet à la fois aux élèves de maîtriser l’utilisation d’un
pinceau pour un geste précis et d’exercer leurs doigts à des mouvements
minutieux.
Lors de cet exercice, l’enfant se retrouve en tête-à-tête avec
la maîtresse ou avec l’ATSEM. L’adulte profite ainsi de cette situation pour
communiquer avec l’élève et pour l’entraîner dans un dialogue.
Donc, en plus d’un exercice de motricité fine, cette séquence
permet à l’élève de travailler son langage en dialoguant avec l’adulte. En
outre, cela favorise aussi la sécurisation de l’enfant.
3) L’évaluation de la motricité :
L’évaluation de la motricité globale se fait par l’observation
des élèves lors des exercices d’activité physique. Ainsi l’enseignant peut
constater si certains mouvements sont maîtrisés, en cours d’acquisition ou pas
maîtrisés par chaque élève.
En ce qui concerne l’évaluation de la motricité fine, elle se
réalise en deux temps. D’abord, la maîtresse observe et modifie si besoin les
gestes du poignet et de la main de l’élève. Puis la bonne réalisation ou non de
l’exercice permet à l’enseignante de savoir, même si le geste n’est pas
parfaitement maîtrisé, si l’élève est capable de réaliser ce qui lui est
demandé.
Par conséquent, l’évaluation de la motricité globale et de la
motricité fine se fait en général à l’aide de l’observation. L’évaluation est
réalisée à partir de grilles et elle est
renouvelée plusieurs fois dans l’année afin de pouvoir déterminer les progrès
de chaque élève.
4) Le rôle de la motricité dans la scolarité
future de l’élève :
Les exercices de motricité globale permettent le développement
personnel de l’enfant. Ils aident aussi les élèves à découvrir et à connaître
l’environnement qui les entoure. Ainsi l’enfant apprend à mobiliser les
différentes fonctions de son corps, ce qui lui servira en particulier dans les
activités sportives.
La motricité fine est la première étape de l’entrée dans
l’écriture. En PS, les activités de motricité fine et de graphomotricité
permettent à l’élève d’apprendre à utiliser différents outils (crayons,
pinceaux, éponges…) pour laisser des traces. Puis en MS, l’élève fait des
exercices graphiques et apprend à représenter certaines formes (traits, anses,
boucles…) avec un crayon. En outre, il est capable d’écrire son prénom en
lettres d’imprimerie.
Par conséquent, les activités de motricité fine que font les
élèves de 2 ans leur permettent d’entrer très progressivement dans le monde de
l’écrit. Or, les enfants de 2 ans ‘‘connaissent déjà l’écriture’’ grâce à la
lecture. Car les enfants entrent très tôt dans le monde du livre grâce aux
histoires que leur lisent leurs parents et la maîtresse, mais aussi avec des
livres spécialement adaptés à leur âge. En outre, ils ‘‘connaissent aussi le
rôle social’’ de l’écriture qui permet de faire des listes, de transmettre des
messages, de réaliser une recette…
Ainsi la motricité fine est le point de départ de
l’apprentissage de l’écriture que les élèves étudieront lors de leur future
scolarité : apprendre la graphie puis la syntaxe, et les règles de
l’écriture et des différents types d’écrits. Cela débouchera aussi sur
l’apprentissage de la lecture.
CONCLUSION
En se sécurisant, l’enfant de 2 ans apprend à se repérer dans le temps, dans l’espace et par rapport aux différentes personnes présentes à l’école (élèves, enseignants…). Il apprend aussi à nouer des liens avec ses camarades. Grâce à la socialisation, il se dote de valeurs de solidarité, de coopération, de justice et d’égalité : il devient citoyen de cette petite société.
Ainsi, l’enfant devient élève en apprenant avec les autres
pour se construire lui-même.
L’analyse des séquences de classe présentées dans ce dossier,
a permis de constater le rôle important du langage et de la motricité fine pour
le développement et pour la scolarité future de l’écolier de 2 ans.
Plus simplement, comme le dit Thérèse Boisdron :
« l’accueil d’un enfant dès 2 ans lui permet non pas d’aller plus vite
mais au contraire de prendre le temps d’apprivoiser l’école ».
BIBLIOGRAPHIE
Livres :
¤ Céleste, Bernadette, les petits à la maternelle,
Syros alternative, 1992.
¤ Du Saussois Nicole / Dutilleul Marie-Bernadette / Gilabert
Hélène, Les enfants de 2 à 4 ans à l’école maternelle, Armand Colin,
1999.
¤ Gioux, Anne-Marie, Première école, premiers enjeux,
Hachette éducation, 2000.
¤ Ministère de l’Education Nationale, Programmes de l’école
primaire, CNDP, 1995.
¤ Ministère de l’Education Nationale, Qu’apprend-on à
l’école maternelle ?, les nouveaux programmes, XO éditions,
2002.
Sites Internet :
www.enseignants-du-primaire.org